PARACHAT   VAYAKHEL

La paracha de la semaine commence par ces recommandations : « … Voici les choses que l’Eternel a ordonné d’observer. Pendant six jours on travaillera, mais au septième vous aurez une solennité sainte, un chômage absolu, en l’honneur de l’Eternel », (Chémot XXXV, 1-2), avant de poursuivre et nous donner les détails de la construction du Michkan.

Rachi explique que l’interdiction du travail le jour du Chabbat est mentionnée avant l’ordre de construire le Tabernacle, pour nous enseigner que cette construction ne repousse pas l’observance du Chabbat.

Pourtant dans parachat Ki-Tissa, c’est à la suite des ordres concernant le Michkan, lequel est cette fois cité en premier, que la Torah vient rappeler : « Toutefois, observez mes Chabbats », (Id. XXXI, 13) et, bien que le principal soit, en général, le commandement mentionné en premier ! C’est pourquoi le verset rajoute alors un mot : « akh » (toutefois) pour nous dire que l’on ne transgressera pas le Chabbat pour le Michkan (Rachi).

Cependant l’ordre des versets n’est pas sans raison, et sous-tend certains enseignements.

Le Kli Yakar explique que le Chabbat illustre la grandeur de l’Eternel et Sa gloire, Lui, qui a créé le monde en six jours et qui s’est arrêté le septième. Alors que le Michkan met en valeur la grandeur du Peuple d’Israël qui a été choisi par D… pour y faire résider Sa Présence — preuve que la faute du veau d’or lui aura été pardonnée. C’est pourquoi l’Eternel (dans Ki-Tissa) désireux de souligner la grandeur du peuple d’Israël commence par énoncer les règles du Michkan avant même celles de l’observance du Chabbat. Et la Torah va rajouter le mot akh (toutefois) comme pour dire : bien entendu, le respect du Chabbat reste prioritaire. Ici, dans notre paracha, nous sommes le lendemain du jour de Kippour, lorsque Moché est redescendu de la montagne (Rachi), il enseigne le Chabbat en premier, qui met en lumière la Gloire de l’Eternel.

D’après le Zohar Hakadoch (p 195) les versets se trouvent dans l’ordre chronologique des évènements. Et donc les premiers ordres de construction du Tabernacle mentionnés dans la paracha de Térouma sont antérieurs à la faute du veau d’or. C’est pourquoi la paracha de Térouma s’adresse à l’offrande de tout le monde, « de la part de quiconque », fut-il même du Erev-Rav, alors que notre paracha, qui est postérieure dans le temps, à la faute du veau d’or, et la participation du Erev-rav à sa fabrication, notre paracha les a exclus. La Torah précise : « Moché convoqua toute la communauté des enfants d’Israël » (verset 1).

On comprendra donc, explique le Or Ha’haïm, l’ordre des versets. Dans Ki-tissa, avant le veau d’or, la Torah ordonne la fabrication du Michkan, rappelant d’un mot qu’on ne transgressera pas le Chabbat, pour autant. Par contre après la faute du veau d’or, il faut « une réparation » préalable. Car « celui qui se livre à l’idolâtrie, c’est comme s’il reniait toute la Torah » (Horayot 8) ; c’est comme s’il  transgressait toutes les mitsvot de la Torah. Fallait donc d’abord réparer, et accomplir, en acte, toutes les mitsvot de la Torah, tâche difficile et qui aurait pris certainement beaucoup de temps ! L’Eternel leur ordonne d’accomplir, tout de suite, la mitsva du Chabbat qui est équivalente à toutes les mitsvot de la Torah (Chémot Rabba 25, 12).

La force du Chabbat est si grande que « celui qui observe le Chabbat, quand bien même aurait-il pratiqué l’idolâtrie, comme à l’époque de Enoch, il en serait pardonné », (Guémara Yoma 86a). Le Taz (Choulhane Aroukh Orah ‘Haïm 242) explique que normalement, pour être complètement pardonné de l’idolâtrie, l’homme devra subir des souffrances. Mais s’il respecte Chabbat il sera pardonné de ses fautes sans aucune souffrance. Grand est le respect de Chabbat qui, devance dans notre paracha, les détails de la construction du Tabernacle.

Shabbat Shalom oumevorakh