PARACHAT BO

L’agneau, « voici comment vous le mangerez : la ceinture aux reins, la chaussure aux pieds, le bâton à la main ; et vous le mangerez à la hâte, c’est la Pâque de l’Eternel » (Chémot XII, 11).

« A la hâte (bé’hipazone) », les enfants d’Israël sont sortis d’Egypte avec précipitation. Les commentateurs s’étonnent : ne pouvaient-ils pas prendre le temps de se préparer, et sortir avec toutes les provisions nécessaires pour le voyage ?

Selon certains, si les enfants d’Israël étaient restés, ne serait-ce qu’un instant de plus en Egypte, ils seraient tombés au cinquantième degré d’impureté, et par suite, n’auraient pas pu s’en sortir.

Mais le Rav Chlomo Eliachiv zatsal, auteur du Léchém Chévo Véa’hlama, refuse cette explication. Car s’il est vrai que le peuple, avant les plaies d’Egypte, se trouvait à de tels degrés, toutefois, après tous les miracles auxquels il assiste, le dévoilement de la puissance divine et de Sa gloire aura répandu une grande lumière de sainteté sur l’Egypte, qui est venue repousser toutes les forces du mal. C’est pourquoi, répond le Rav, bien au contraire, étant donnée cette grande sainteté, et son extension sur toute l’Egypte, si les enfants d’Israël étaient restés plus longtemps, ils se seraient retrouvés baignés dans sa lumière, dépourvus de tout péché, incapables de la moindre transgression … parce qu’ayant perdu leur libre arbitre. Et l’Egypte, quant à elle, symbole des forces du mal, elle aurait complètement disparu. C’est ce qui explique l’empressement des « Egyptiens (qui) firent violence au peuple en se hâtant de le renvoyer du pays, car ils disaient nous périssons tous. » (Id. XII, 33).

La Torah veut que l’homme soit libre d’accomplir les commandements ou de les transgresser ; sinon quel serait son mérite ? Il fallait laisser aux enfants d’Israël le libre choix de croire ou de nier. Un trop grand dévoilement de la Présence divine en Egypte aurait enlevé à jamais cette possibilité. Certes trois fois par jour, nous prions pour un tel dévoilement. Il le sera à la venue du Machia’h ! Et alors comme nous le disons, à la fin de la prière, dans Alénou Léchabéa’h : « L’Eternel sera roi sur toute la terre ; en ce jour l’Eternel sera UN et unique sera Son nom » (Zékharya XIV, 9). Il n’y aura plus aucun doute sur l’existence et l’unicité de D…

Il est à noter que le « Pharaon se leva de nuit, ainsi que tous ses serviteurs et tous les Egyptiens, et ce fut une clameur immense dans l’Egypte ; car il n’y avait point de maison qui ne renfermât un mort » (Chémot XII, 30). Rachi relève : « de nuit » et non pendant la troisième heure de la journée, comme le veut l’habitude des rois. Que veut nous enseigner ici Rachi ? Que le Pharaon aurait eu le sommeil tranquille jusqu’à la troisième heure de la journée ?

Le Rav Moché Chimon Vayntraub, zatsal, répond que la Torah nous montre combien Pharaon avait le cœur endurci, au point de se coucher, comme si de rien n’était, en pensant ne se lever que tard le lendemain matin. Il savait pertinemment, pourtant, que l’avertissement de Moché se réaliserait, et donc que les Egyptiens premier-nés seraient frappés cette nuit. Mais il fit comme s’il l’ignorait, et se coucha tranquillement pour une longue nuit de sommeil. Malgré le dévoilement extraordinaire de D… en Egypte et la presque disparition des forces du mal, Pharaon reste le cœur endurci, imperméable à la repentance. Il ne fera pas Téchouva !

C’est ce que nous enseigne le Rambam (Hilkhot Téchouva Ch.6, 3) : Un homme peut faire une grande faute, dont la punition sera qu’il ne pourra s’en repentir. Cette possibilité lui sera retirée, afin qu’il périsse et qu’il meurt de par cette faute. Comme l’écrit le Rav Dessler : l’endurcissement du cœur de Pharaon est la conséquence naturelle de ses fautes continuelles. Il s’est lui-même fermé le chemin de la Téchouva. En persistant dans sa voie erronée, il s’est rendu progressivement insensible à la vérité.

SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH