Parachat Chemini

Le huitième jour de l’inauguration du Michkan (du Tabernacle) est aussi le jour de l’intronisation de Aaron, en tant que Cohen Gadol. Après l’avoir informé d’amener « devant l’Eternel (…) un veau (éguel) pour expiatoire et un bélier pour holocauste », Moché s’adresse à nouveau à Aaron, cinq versets plus loin, pour lui dire : « Approche de l’autel, offre ton expiatoire et ton holocauste » (Vayikra IX,  2-7)

Rachi explique (Id. versets 2 et 7) que par ce sacrifice l’Eternel lui faisait savoir qu’Il lui pardonnait sa participation au veau d’or. Mais Aaron avait honte et hésitait à présenter ses sacrifices. C’est pourquoi Moché lui dit « approche toi, pourquoi hésites-tu, c’est pour cela que tu as été choisi ». Les Tossafot (Daat Zékénim) rapportent que le Satan lui montrait, l’image du veau aux coins de l’Autel, Aaron pensait donc qu’il était inapte à être Grand prêtre.

Il est très étonnant que le veau, sujet de la faute, vienne lui-même, en indiquer le pardon. A maintes reprises la Torah évite de  mentionner, ce qui rappelle cette faute du veau d’or.

Pour exemple : le verset dit : « lorsqu’un taureau (chor), un agneau ou un chevreau vient de naître » (Vayikra XXII, 27), et le Midrach de faire remarquer, un taureau (chor) qui vient de naître ? Un taureau, c’est d’abord un veau (éguel) à la naissance ! Le Midrach (Vayikra Rabba 27,4) répond que le verset n’a pas voulu mentionner le veau, qui rappelle la faute du veau d’or, comme il est dit : « et il ne sera plus pour la maison d’Israël un sujet de confiance, ravivant le souvenir de la faute commise » (Yé’hézkel XXIX, 16).

Egalement le Cohen Gadol, le jour de Kippour, change ses habits ornés d’or, pour pénétrer à l’intérieur du Saint des Saints, parce que l’or rappelle cette faute.

Autre élément surprenant, ce Midrach Rabba (Vayikra X, 3) qui nous révèle que grâce à la faute du veau d’or, Aaron a mérité les vingt quatre « cadeaux » attribués aux cohanim, tels que la térouma, les bikourim, les premiers nés, et les sacrifices … Grâce à la faute ?

Le rav Réouven Karlenstein zatsal fournit une explication, à partir de la guémara (Sanhédrin 7a) qui dévoile les véritables intentions de Aaron, au moment de la fabrication du veau d’or. Aaron a vu que Hour avait été tué, pour s’y être opposé. Il s’est dit : si je refuse de collaborer et qu’ils me tuent, alors s’appliquera sur eux le verset : « Se peut-il (…) que dans le sanctuaire de l’Eternel soient massacrés prêtres et prophètes ? » (Eikha II, 20). Ce qui fermerait, aux enfants d’Israël, toute Téchouva, sans possibilité de retour. Il vaut mieux que je souscrive à leur demande et qu’ils puissent ensuite se repentir. Aaron n’avait donc pas peur pour lui-même, d’être tué, mais se souciait de l’avenir du peuple, qu’Israël ne soit pas repoussé à jamais.

Le Midrach (Vayikra Rabba 8,2) rapporte la parabole d’un fils de roi, encore enfant, qui voulut tuer son père pour s’emparer du trône. Son précepteur le surprit le sabre à la main. « Ne te fatigue pas, lui dit-il, donne moi cette lame, je vais moi-même me charger de la tâche ». Le roi, avait suivi la scène, et lui dit quand il s’approcha : « je sais quelles étaient tes intentions. Tu ne voulais pas que je me fâche contre mon fils, lequel de toutes manières, n’aurait pas pu lever son sabre devant moi, et tu as préféré faire un semblant d’accord pour l’épargner. Je te nomme ministre dans mon royaume, tu mangeras à la table du roi et tu auras des tas de privilèges ». De même Aaron, pour avoir protégé le peuple d’Israël, et lui avoir évité un point de non retour, méritait sa juste récompense.

Cependant, bien que sa démarche fût louable, en intention, les conséquences de son acte dans les faits, à savoir l’idolâtrie, furent néfastes, et nécessitaient une kapara, une expiation. Aaron voyant « des cornes de veau aux coins de l’Autel » avait peur de s’approcher. Moché lui dit : « c’est justement, grâce à cela que tu as été choisi, et que tu es devenu Cohen Gadol ! Prends donc ce veau qui témoigne que D… t’a entièrement pardonné cette faute, c’est-à-dire jusqu’aux conséquences qu’elle a entraînées ».


Chabbat Chalom Oumévorakh