Parachat TAZRIA 

 Parachat TAZRIA 

Des dix péchés à l’origine des lèpres (Tsaraàt), nos Sages révèlent que la médisance (lachon hara) est responsable de la forme la plus sévère. La Guémara (Arkhin 15a) va même jusqu’à dire que le lachon hara est en soi une faute, plus grave encore, que les trois fautes pour lesquelles on doit se laisser tuer plutôt que de faillir, à savoir l’idolâtrie, les relations interdites et le meurtre. Faut-il comprendre que pour éviter le lachon hara, on doit aussi être prêt au messirout néfech, c’est-à-dire jusqu’à donner sa vie ?

          Le Chem miChmouel remonte, dans son explication, à la faute originelle d’Adam Harichon. Le Serpent se trouve être, d’après le Midrach Rabba, le premier à avoir dit du lachon hara. Il aurait argumenté et persuadé ‘Hava (qu’il convoitait) que D… leur avait interdit de manger l’arbre de la connaissance du bien et du mal, parce que Lui-même en avait mangé, et grâce à quoi Il avait pu créer le monde. Aussi, afin que l’homme ne puisse pas en faire autant, Il lui en a interdit la consommation. S’il en était ainsi, cela voudrait dire que l’arbre fut antérieur à la Création et que D… n’en serait pas le Créateur, ce qui rajoute à sa calomnie, l’hérésie, prélude à l’idolâtrie.

          Le Rav nous fait remarquer ces versets du livre de la Genèse (Béréchit) qui posent question à l’évidence. L’Eternel a d’abord dit à l’homme : « …car du jour où tu en mangeras tu dois mourir! » (Béréchit II, 17). Cependant, après qu’il en ait mangé, l’Eternel lui dira : « c’est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain ; jusqu’à ce que tu retournes à la terre d’où tu as été tiré: car poussière tu fus, et poussière tu retourneras! » (Id.III, 19). Et donc de ce dernier verset, il apparait que la mort était de toutes les manières inévitable, et que la raison de la mort n’est pas liée à la faute.

          En fait, explique le Chem MiChmouel, ce n’est pas la faute d’Adam qui a entrainé la mort, mais le lachon hara du serpent que Adam et ‘Hava ont écouté. L’homme est composé de quatre éléments fondamentaux, « du feu, d’eau, de vent et de poussière ». La nature du monde est telle que chaque chose veuille retourner à sa source. Le feu désire se séparer du corps et rejoindre le feu, l’eau retrouver l’eau, et de même pour chaque composant. La néchama, l’âme aussi, aspire à retourner à l’endroit d’où elle vient.

          La mort est donc naturelle, car toute chose doit regagner son origine. Pourtant si Adam n’avait pas fauté, il aurait vécu éternellement (Chabbat 55a), car il avait élevé son âme à un niveau tel, qu’il la reliait en permanence à sa Source ; il était intimement attaché à son Créateur, « dabouk = collé » en Hakadoch-baroukh-hou. C’est donc au moment de la première faute, pour avoir prêté l’oreille au lachon hara, qu’il baisse de niveau, et qu’il est détaché de D… Alors la nature des choses, telle que D… l’a établie, veut que l’homme doive mourir afin que son âme puisse revenir à sa source. Le serpent n’a pas « entrainé » la mort, mais l’a « apporté » au monde par ses paroles de médisance à l’encontre de l’Eternel.

« L’Eternel planta un jardin en Eden …fit pousser … l’arbre de vie au milieu du jardin, avec l’arbre de la connaissance du bien et du mal » (Béréchit II, 8-9).L’arbre de vie était donc prévu bien que l’homme devait vivre éternellement, pour le cas éventuel où il aurait goûté à l’arbre de la connaissance. Mais, comme Adam, à la suite de son épouse, a prêté l’oreille au lachon hara du serpent, et qu’il a mangé du fruit de l’arbre défendu, il n’a plus droit à l’arbre de vie. Son péché ne lui permet plus d’éviter le phénomène naturel qui veut que chaque chose veuille retrouver son origine.

Nous voyons, maintenant, comment le lachon hara proféré par le serpent se trouve relié aux trois péchés qu’évoque la guémara, le désir impur du serpent envers ‘Hava, la femme d’Adam, son discours de dénigrement qui ouvre la porte à l’idolâtrie, et le résultat final de sa démarche qui apporta la mort à l’homme.

Chabbat Chalom Oumévorakh