Parachat Vayakel Pékoudé

« Et Betsalel et Aholiav, et tout homme sage de cœur (‘hakham lév) à qui l’Eternel a dispensé sagesse et intelligence pour comprendre et pour exécuter, exécuteront tout le travail de l’œuvre sainte, conformément à tout ce qu’a ordonné l’Eternel » (Chémot XXXVI, 1). Aplusieurs reprises, quand elle évoque la contribution « artisanale » des hommes, notre Paracha utilise ces termes de sagesse du cœur (‘hokhmat lev).

Par ailleurs (dans Bérakhot 55a) Rabbi Yo’hanan nous dit que l’Eternel ne donne la sagesse qu’à celui qui en a déjà, comme il est écrit : « Qui donne la sagesse aux sages … » (Daniel II, 21) etRabbi Ta’hlifa, lui, l’apprend du verset: « Dans le cœur des sages J’ai mis de la sagesse » (Chémot XXXI, 7). Pourquoi donc seul celui qui est déjà sage recevrait-il davantage de sagesse ? Et cette « sagesse  initiale »  comment  a-t-elle été acquise ?

          Certains commentateurs situent cette « ‘Hokhma initiale » dans la volonté d’apprendre la Torah, de la comprendre et dans l’ambition de la connaître. Ce vouloir intérieur particulier est un élan du cœur qui confère ce statut de ‘Hakham lév et permettra à celui-ci de recevoir davantage de Torah et de bénéficier de la sagesse qu’elle octroie.

Le Rav ‘Haïm de Vologine (dans son livre Nefech ‘Hahaïm Ch 4, 5) explique que la sagesse du cœur est en fait la crainte du Ciel, comme il est dit : « Le début de la sagesse c’est la crainte de l’Eternel » (Téhilim CXI, 11) et aussi : « Ah ! La crainte du Seigneur, voilà la sagesse » (Iyov XXVIII, 28). C’est LA condition que la Torah exige, afin que l’homme puisse recevoir le supplément de sagesse qui lui sera offert. C’est pourquoi, à la construction du Michkan, seuls les hommes empreints de la crainte du Ciel, ont reçu l’intelligence pratique et les facultés nécessaires à sa réalisation.

La crainte du Ciel est reliée au cœur comme le rapporte le Midrach (Kohelét Rabba I, 36) dans une métaphore : « C’est le cœur qui voit, c’est lui qui entend, lui qui parle, qui est joyeux ou triste, qui souffre, qui crie, qui se console, qui se renforce etc. » Autant de facultés humaines qui sont rapportées au cœur en ce qu’il est le centre de la vie, et « l’influenceur » de la spiritualité.  

Nos Sages nous parlent, a contrario, du « Timtoum halév », une enveloppe occlusive qui entrave le cœur et qui le ferme à toute spiritualité. Ce « Timtoum halév » conséquence directe de la consommation de nourriture non cachère, est aggravé par les fautes. Le verset nous recommande : « Supprimez donc l’obstruction de votre cœur et cessez de raidir votre cou » (Dévarim X, 16).

Le chemin de la sagesse passe donc par la crainte du Ciel. Sagesse, indispensable à la compréhension des exigences nécessaires à la construction du Michkan, lieu de résidence de la Présence divine au milieu de son peuple : Israël.

Chabbat Chalom Oumévorakh