Une goutte de Torah – Année 12 – n° 618 – Devarim
6 Av 5784 – 10 août 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Réprimander avec tact
(1:1) : “Ce sont là les paroles que Moïse adressa à tout Israël en deçà du Jourdain, dans le désert, dans la plaine en face de Souf, entre Pharan et Tofel, Laban, Hacéroth et Di-Zahab.” Ce premier verset du livre du Deutéronome est assez obscur, et Rachi, citant le Sifri, en explique la raison : “Etant donné que ce qui va suivre est constitué de remontrances, et que le texte énumère ici tous les lieux où ils ont irrité D.ieu, Moïse les dissimule et ne les cite que par allusions, afin de ménager l’honneur d’Israël” Rachi détaille ensuite chacune des fautes à laquelle chaque mot du verset fait allusion.
Selon Rav Chmoulévitz, la Torah veut nous enseigner ici qu’il est important de ne pas humilier une personne à laquelle nous voulons adresser un reproche ou une critique. En effet, une réprimande un peu vive peut la braquer et conduire au résultat opposé. Ainsi, dans la Paracha Quedochim, nous lisons (Lévitique 19:17) : “Ne hais point ton frère en ton cœur, réprimande ton prochain, et tu n’assumeras pas de péché à cause de lui.” La Torah nous ordonne de réprimander notre prochain lorsque cela est nécessaire, mais nous met en garde de ne pas “assumer de péché à cause de lui”, c’est-à-dire, selon Rachi, ne pas lui faire honte en public.
Selon le Talmud (Ara’hin 16b), réprimander correctement est très difficile, et le seul moyen de le faire est de montrer de l’empathie et un véritable amour pour la personne qu’on critique qui, en le ressentant, deviendra plus perméable comme l’exprime le roi Salomon dans les Proverbes (27:19) : “Comme dans l’eau le visage répond au visage, ainsi chez les hommes les cœurs se répondent.” Si Moïse n’a voulu réprimander le peuple que par allusion, c’est qu’il l’aimait vraiment et se souciait de son bien être spirituel.
Une histoire (vraie ?)
Dans un bus desservant un quartier très religieux de Jérusalem, monte une jeune femme qui n’est pas habillée selon les normes en vigueur dans ce périmètre de la ville.
Immédiatement, un des passagers, juif ultra-orthodoxe, se met à l’insulter : “Tu devrais avoir honte ! Comment toi, une jeune fille d’Israël, oses-tu faire preuve d’autant d’impudeur etc. etc.”
Un autre passager, érudit à ses heures, réfléchit à un argument pour calmer ce fanatique et s’interpose : “Monsieur, je vous signale que la Hala’ha interdit de faire honte à un autre juif, fut-il de sexe féminin !”
“Ah oui ?” Ricane l’autre, bon talmudiste : “Alors pourquoi t’emploies-tu à me faire honte ?”
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta