Une goutte de Torah – Année 12 – n° 610 – Chavouot & Nasso
9 Sivan 5784 – 15 juin 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Elever son prochain
D.ieu ordonne à Moïse de recenser le peuple (4:21) : “Fais le recensement des enfants de Gerson…” L’expression utilisé par la Torah recenser – ici et à d’autres occasions (par exemple 4:1 ou Chemot 1:2) – signifie littéralement : “élever la tête”. Pourtant, l’Hébreu ne manque pas de verbes pour signifier l’acte de compter !
Notre tradition n’aime pas compter les personnes : le Talmud (Yoma 22b) l’interdit car associer un numéro à une personne le dépouille de sa personnalité. Pour recenser les Hébreux, chacun passait devant Moïse (ou un des chefs de tribu) et donnait une pièce d’un demi Shekel ; on comptait ensuite le nombre total de pièces (Chemot 30:11-15).
En “élevant la tête” de chaque Hébreu qui passait devant lui, Moïse lui rappelait qu’il avait un rôle unique sur terre. En effet, lorsque D.ieu s’est révélé au Mont Sinaï, chaque âme juive a reçu une part spécifique de la Torah auquel personne d’autre n’a eu accès, et sa mission sur terre est de la dévoiler par son étude et par ses actions, comme l’exprime Pirkei Avot (4:3) : Ne dédaigne aucun homme, et ne rejette aucune chose, car il n’y a point d’homme qui n’ait son heure, ni de chose qui n’ait sa place.
Le besoin de reconnaissance est un besoin fondamental de l’être humain. Suivant l’exemple de Moïse, nous devons toujours reconnaître la singularité de l’autre, quelle que soit sa condition.
Une histoire vraie
A l’époque lointaine où les téléphones mobiles n’existaient pas, un homme entre dans une station-service et achète une pile de jetons qui lui permettront d’utiliser le téléphone public accroché au mur.
A chaque appel, il propose ses services comme jardinier, et son interlocuteur lui répond invariablement qu’il est très satisfait de son jardinier actuel, et qu’il n’a aucune intention d’en changer.
Au bout d’un certain temps, alors que la pile de jetons est largement entamée, le gérant de la station-service ressent de la pitié pour cet homme et s’approche de lui : “Vous savez, j’ai besoin d’un jardinier pour s’occuper de ma pelouse, et je suis prêt à vous embaucher.”
Et notre homme de répondre : ”C’est très gentil, mais mon planning est plein, et je n’aurai aucun créneau disponible pour vous.”
Au gérant étonné, il explique : “Je suis perfectionniste et je travaille très dur, mais mes clients n’ont jamais un mot d’appréciation pour moi. Alors, de temps en temps, je les appelle pour leur proposer de changer de jardinier, et les entendre dire qu’ils sont très satisfaits de mon travail !”
(Merci à Anne Pessar pour cette histoire)
Chabbat Chalom et ‘Hag Samea’h
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta