Une goutte de Torah – Année 12 – n° 624 – Ki Tavo
18 Eloul 5784 – 21 septembre 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
L’angoisse de l’avenir
La Paracha contient les malédictions prophétisant les malheurs du peuple juif en exil. Parmi elles (28:66) : “Ton existence flottera incertaine devant toi, et tu trembleras nuit et jour, et tu ne croiras pas à ta propre vie!”
Le Talmud (Mena’hot 103b) explique que les trois parties de ce verset font allusion à l’angoisse de l’avenir ressentie par trois types de personnes, chacune à son échelle : celui qui a du grain pour un an, mais se soucie de ce qu’il mangera l’an prochain ; celui qui achète du grain une fois par semaine et se soucie de son prochain approvisionnement ; celui qui achète son grain au jour le jour, et qui est constamment inquiet.
Rav ‘Haïm Chmoulévitz explique qu’en s’inquiétant en permanence pour le futur, une personne se crée elle-même de véritables tortures mentales, et s’inflige ainsi une vie misérable.
Un multimillionnaire d’âge avancé continuait à s’investir de manière démesurée dans ses affaires. Quand je lui demandais s’il n’avait pas plutôt envie de jouir sereinement des années qui lui restaient à vivre, il me répondit : “J’ai assez pour moi, mes enfants et mes petits-enfants, mais je m’inquiète du sort de mes arrière-petits enfants !”
Savoir apprécier le moment présent, sans avoir constamment en tête tous les problèmes potentiels qui peuvent survenir, est une des clés pour une vie heureuse et sereine.
Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer à tout effort pour améliorer son sort, mais, comme il est impossible de prévoir tous les impondérables, ces efforts doivent rester mesurés et raisonnables.
La Prière de la Sérénité, qu’on attribue à différentes traditions, résume cet état d’esprit : “D., donne-moi la sérénité pour accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage pour agir sur celles que je peux changer, et la sagesse pour faire la différence entre les deux.”
Une histoire
Un roi voulait faire parler son cheval préféré.
Il convoque à cet effet les meilleurs médecins et les plus grands lettrés du royaume. Après plusieurs jours, furieux devant l’absence de résultat, il les fait tous exécuter.
Il convoque alors le rabbin local et lui ordonne de faire parler son cheval. Le rabbin lui répond qu’il n’y a aucun problème, mais qu’il lui faudra trois ans, ce qui satisfait le roi.
De retour chez lui, il trouve sa femme désespérée : “Mais tu ne pourras jamais faire parler ce cheval, c’est une catastrophe, qu’allons-nous devenir !?”
Le rabbin lui répond calmement : “Ne t’inquiète pas ; beaucoup de choses peuvent arriver en trois ans : le roi peut mourir, le cheval peut mourir, je peux mourir, …”.
Trois ans plus tard, le rabbin se rend au palais du roi.
Le roi : « Eh bien… le cheval parle-t-il déjà ? ».
Le rabbin : « S’il parle ?! Il n’arrête pas de parler ! »
Le roi : « Merveilleux, incroyable… Et qu’est-ce qu’il dit ? »
Le rabbin : « Par exemple, il dit que tous les jours à midi, quand la reine et ses filles passent du temps dans la roseraie… vous êtes au lit avec la servante… »
Le roi : « Aïe aïe !!!! Qu’est-ce qu’il dit d’autre ? »
Le rabbin : « Il dit que lorsque vous avez dit à votre femme, la reine, que vous alliez faire une tournée d’un mois dans le royaume, vous avez en fait passé tout le mois avec la comtesse X dans son château ».
Le roi : « Ouah !!! C’est un désastre – nous devons tuer ce cheval immédiatement ! »
Le rabbin : « Calmez-vous, tout va bien… Je l’ai déjà tué. »
Le rabbin retourne au village heureux avec de nombreux cadeaux de valeur offerts par le roi.
Chabbat Chalom,
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta