Une goutte de Torah – Année 12 – n° 623 – Ki Tetsé
11 Eloul 5784 – 14 septembre 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Ne pas abuser d’une situation dominante
(22:6-7) : “Si tu rencontres un nid d’oiseaux en chemin, sur un arbre ou à terre, (avec) de jeunes oiseaux ou des œufs sur lesquels est posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée ; tu renverras la mère, et tu pourras alors t’emparer des petits; de la sorte, tu seras heureux et tu verras se prolonger tes jours.”
La Mitsva du nid d’oiseau est énigmatique – d’autant plus que c’est une des rares pour laquelle la Torah promet une récompense, et quelle récompense : la longévité !
Nos Sages débattent longuement de ses conditions d’application (Talmud ‘Houlin p. 138-142), et du message que la Torah veut nous transmettre (sa raison profonde, comme pour toutes les Mitsvot, nous restant cachée.)
Certains, comme le Rambam (Maimonide) pensent qu’elle a pour objet de développer en nous la qualité de miséricorde.
Plus spécifiquement, selon Rav Yossef ‘Haïm Sonnenfeld, elle nous enjoint de ne pas abuser d’une position dominante : en effet, dans des conditions normales, un oiseau s’envole dès qu’un prédateur, y compris un humain, s’approche, et il est quasi impossible de l’attraper. Cependant, si une mère-oiseau couve des œufs ou des poussins, son amour maternel prendra le dessus, et elle restera dans le nid pour les protéger plutôt que de s’enfuir.
Selon Rav Alport, il est interdit de prêter à intérêt pour la même raison : afin de ne pas profiter de la situation d’une personne pour qui l’obtention d’un prêt est une question de survie, et qui sera prête à tout (y compris payer des intérêts) pour l’obtenir.
Cette explication est cohérente avec la récompense de la Mitsva : celui qui fait preuve de miséricorde envers les autres créatures bénéficiera en retour de la miséricorde divine et verra sa vie prolongée.
Une histoire vraie
Chmouel Hanaguid était le leader de la communauté juive espagnole au 11° siècle (l’âge d’or des juifs en Espagne), et un proche conseiller du roi.
Il se promenait un jour avec le roi lorsqu’un homme l’insulta, l’accusant de corruption. Le roi était furieux de ce manque de respect, et il ordonna à Chmouel de lui couper la langue.
Chmouel, au contraire, reçut cet homme, lui témoigna de la considération et répondit à tous ses griefs.
Quelque temps plus tard, Chmouel et le roi croisèrent de nouveau le même homme qui, cette fois-ci, s’inclina avec déférence devant eux. Le roi s’étonna : “Ne vous ai-je pas dit de couper la langue à cet homme ?
“Majesté, j’ai fait ce que vous m’avez ordonné, j’ai coupé sa mauvaise langue et je l’ai remplacée par une bonne.”
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta