Une goutte de Torah – Année 12 – n° 595 – Ki Tissa
22 Adar I 5784 – 2 mars 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Connaissance, raisonnement et intuition
D.ieu informe Moïse qu’il a nommé Betsalel pour diriger les travaux de construction du Tabernacle et décrit les qualités qui le rendent digne de cette tâche (31:3) : “Je l’ai rempli … de ‘Ho’hma (connaissance), de Tevouna (raisonnement) et de Dahat (intuition), et d’aptitude pour tous les arts.”
La Torah attribue à Betsalel trois qualités de l’esprit que les commentateurs ne traduisent pas tous de la même manière, et on en trouve rarement deux traductions identiques. Selon Rachi, la ‘Ho’hma désigne ce qu’on apprend d’autrui – la connaissance brute ; la Tevouna (souvent appelée Bina) désigne la capacité de comprendre des choses nouvelles par analogie à partir de ce que l’on sait déjà – le raisonnement ; le Dahat désigne l’inspiration divine – qu’on pourrait qualifier d’intuition en terme plus profane.
En plus de ces trois niveaux d’intelligence – nécessaires à une “tête bien faite” selon la Torah – Betsalel était particulièrement doué pour les travaux d’art, comme le précise le verset.
La Torah continue la liste de ses qualités (31:4) : “La’hshov Ma’hashavot…” Cette expression est ambiguë car cette racine hébraïque a plusieurs significations. Selon Rachi, il s’agissait de la capacité à tisser une œuvre d’artiste (pour la confection des étoffes du Tabernacle).
Selon Rav ‘Haïm de Volojine, le fondateur de la première Yechiva moderne, il s’agissait de la capacité à deviner la pureté de l’intention de chaque contributeur au Tabernacle, et d’affecter sa contribution à un objet dont le niveau de sainteté était adapté à son intention. Cette interprétation lui permit de répondre habilement aux objections d’un riche donateur de sa Yechiva.
Une histoire vraie
Rav ‘Haïm de Volojine envoyait chaque année des collecteurs de fonds recueillir des dons pour sa Yechiva.
Un collecteur avait l’habitude de faire sa tournée pied, mais, une année, prenant de l’âge, il demanda au Rav d’emprunter sa carriole. Arrivé devant un riche donateur, celui-ci, habitué à le voir arriver à pied, lui refusa un don prétextant qu’il n’avait pas l’intention de payer l’avoine des chevaux.
Le Rav se déplaça alors lui-même pour lui parler et lui livra son explication de notre verset. Il rajouta que tout le monde souhaite que son don à la Yechiva soit affecté aux fins les plus nobles, mais comme plus personne ne possédait la capacité de Betsalel à déterminer la pureté de l’intention d’un donateur, c’est D.ieu Lui-même qui jouait ce rôle. Et il conclut : “Si vos intentions sont vraiment nobles, D.ieu veillera à ce que votre contribution soit utilisée aux fins les plus pures et pas à l’avoine des chevaux.” Ce qui convainquit le donateur.
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta