Parachat  Aharé-Mot, Kédochim

 La Torah détaille, au début de la paracha, ses instructions au Cohen Gadol, pour le jour de Kippour. Il lui fallait porter ce jour-là des habits très spéciaux. Une fois par an, il était le seul à pouvoir pénétrer dans le Kodech Hakodachim, le Saint des saints, et à plusieurs reprises, avant d’entrer, il devait changer ses habits d’or pour des vêtements de lin blanc.

La Torah conclut le sujet en disant : « Et il (Aharon) agit comme l’Eternel l’avait ordonné à Moché » (Vayikra XVI, 34). Rachi explique : « A la date du premier Kippour, Aharon exécuta, rigoureusement, tout ce qui lui avait été ordonné, et c’est pour faire son éloge que la Torah le précise, car il ne porta pas ces habits pour son prestige personnel, mais uniquement pour accomplir l’ordre du Ciel. »            

Le Cohen Gadol, le jour de Kippour, parvenait à une élévation spirituelle d’un niveau exceptionnel. Le verset dit : « Que personne ne soit dans la tente d’assignation lorsqu’il entrera pour faire propitiation dans le sanctuaire, jusqu’à sa sortie. » Le Yérouchalmi (Pérék 1, Hal 5) nous enseigne que même les anges ne pouvaient y pénétrer puisqu’il est dit à leur propos : « Quant à la forme de leurs visages, ils avaient chacun quatre faces … d’homme… » (Yéhézkel X, 21,22)

Le Midrach (Vayikra Rabba 21, 12) s’étonne : « Que personne ne soit dans la tente ?» Mais le Cohen Gadol n’était–il pas lui même une personne dans la tente? La Torah aurait dû préciser « que personne à part lui ne soit présent ! » Rabbi Pin’has révèle que lorsque l’esprit prophétique (le Roua’h hakodech) se posait sur lui, son visage s’illuminait comme une torche. Et comme l’explique le Rav Tsadok Hacohen, le midrach veut nous laisser entendre que le Cohen Gadol arrivait à un tel degré de sainteté, qu’il en perdait son enveloppe matérielle, et en quelque sorte se «dissipait » en D…, au point de n’être ni un homme ni un ange.     

Quel est donc le sens de cet éloge que mentionne Rachi ? Assurément arrivé à ce niveau « éthéré », Aharon-Cohen-Gadol ne portait, certainement pas, ces habits blancs pour son prestige personnel ?  

Le ‘Hatam Sofer répond  que la raison pour laquelle Aharon se devait de porter des habits blancs et non pas ses habits habituels, garnis d’or, était pour ne pas rappeler la faute du veau d’or. Car « un accusateur ne peut devenir défenseur », et les habits couverts d’or rappellent la faute du veau d’or. Mais Aharon lui-même convenait-il qu’il pénètre dans le Saint des saints, vu sa participation à l’épisode du  veau d’or ?

En fait, explique le Hatam Sofer, Aharon a été entièrement pardonné, et n’a  plus rien à voir avec le veau d’or. Entrant, vêtu de blanc, dans le Saint des saints, c’était un peu comme si Aharon montrait au public qu’il avait été disculpé, et qu’innocenté il pouvait s’enorgueillir. Mais sa pensée était pure, son intention celle d’accomplir la volonté du Créateur, uniquement, sans autre interférence d’intérêts personnels. Et c’est ce que le verset témoigne en disant : « Et il (Aharon) agit comme l’Eternel l’avait ordonné à Moché ! »

Chabbat Chalom Oumévorakh