« Quant aux Lévites, selon leur tribu paternelle, ils ne furent point recensés (…) Cependant, la tribu de Lévi, tu ne la recenseras pas, et de ses têtes, tu ne feras pas le relevé parmi les enfants d’Israël » (Bamidbar I, 47-49). Et la Torah reprend une troisième fois : « pour les Lévites ils ne furent point dénombrés parmi les enfants d’Israël » (Idem II, 33).
Rachi explique, au nom du Midrach (Bamidbar Rabba 81,1), qu’étant donné qu’un décret frappera tous les recensés de vingt à soixante ans, suite à la faute des explorateurs, l’Eternel désirait qu’ils ne fassent pas partie du dénombrement. « Les lévyim sont à Moi car ils n’ont pas fauté avec le veau d’or ».
Le rav Haïm Chmoulévitch zatsal, fait remarquer que, sans quoi, faisant partie de l’ensemble du Klal Israël, ils auraient trouvé la mort dans le désert (bien qu’ils ne méritaient aucune punition) comme il est écrit :« la vertu du juste ne le préservera pas au jour de son malheur (de la sanction collective) » (Yé’hézkel XXXIII, 12). C’est pourquoi lorsqu’ils seront dénombrés, par la suite, ils le seront à part et différemment, à compter de l’âge d’un mois.
A propos du verset « Yéochoua fils de Noun et Caleb fils de Yéfouné furent seuls épargnés, entre ces hommes qui étaient allés explorer le pays » (Bamidbar XIV, 38), le Or Ha’hayim Hakadoch, s’interroge : pourquoi la Torah précise-t-elle qu’ils furent préservés ? Le verset précédent était suffisamment explicite :« ces hommes qui avaient débité de méchants propos sur le pays, périrent frappés par le Seigneur » (Id.37),mais Yéhochoua et Caleb n’en étaient pas ! Le Rav répond qu’ayant fait partie des explorateurs ils ont été épargnés, spécifiquement, pour n’avoir pas mal parlé de la Terre promise, autrement même ces Tsadikim auraient péri dans la sanction collective de la génération du désert.
La Guémara (Baba Batra 121b) nous apprend que Yaïr, le fils de Ménaché, né à l’époque de Yaakov, est entré en Terre d’Israël parce que le décret sur la génération du désert ne concernait pas les plus de soixante ans. Il n’est pas rappelé qu’il était Tsadik et qu’il ne méritait pas de mourir. S’il avait été plus jeune, partie intégrante de l’ensemble, il aurait subi le châtiment commun.
Lorsqu’Elicha s’adresse à la Shounamit : « Que faut-il faire en ta faveur ? Y a-t-il à s’employer pour toi auprès du Roi ? » (Mélakhim II, IV, 13). Le Roi désigne Hakadoch-Baroukh-Hou et ce jour là était Roch Hachana. « Elle répondit : je vis tranquille au milieu de mon peuple ». Elle préféra être jugée avec tout le peuple et (ici, à contrario) bénéficier des mérites de la communauté, plutôt que de comparaitre individuellement, même avec l’appui d’Elicha.
Le Rav Yérouham Lébovitch zatsal, de Mir, rapporte ce que dit le Midrach sur le verset : « quoi un seul homme aura péché et tu t’irriterais contre la communauté toute entière » (Bamidbar XVI, 22) : « Cela ressemble à l’homme, qui sur le bateau, en pleine mer, vient faire un trou dans la coque, à sa place, arguant que c’est sa place, que cela ne concerne que lui et personne d’autre », (Vayikra-Rabba 4,6). Nos Sages comparent le Klal Israël au bateau, où tous, liés les uns aux autres, sommes concernés par le moindre problème créé par l’autre.
Arrivés au Sinaï, « Israël y campa, en face de la montagne » (Chemot XIX, 2). « Comme un seul homme, d’un seul cœur » (Rachi). C’est que juste avant le don de la Torah, les enfants d’Israël devaient devenir Un, un seul et même peuple, une même entité, le Klal Israël.
C’est aussi l’enseignement allusif de rabbi Akiva sur : « tu aimeras ton prochain comme toi-même, c’est une grande règle (un klal gadol) de la Torah ». Le mot klal peut se traduire règle, mais il peut également vouloir dire, explique le rav Yérou’ham, que c’est le moyen de devenir un klal, une entité semblable, celle de Peuple d’Israël qui nous permettra de recevoir la Torah, car elle n’a été donnée qu’au klal et pas aux seuls particuliers.
Chabbat Chalom Oumévorakh