« Israël vit les Egyptiens morts sur le rivage de la mer. Et [il] vit la main puissante que l’Éternel avait déployée sur l’Égypte, et le peuple craignit l’Éternel ; et ils eurent foi en D… et en Moché Son serviteur » (Chémot 14, 31) ; une foi parfaite et absolue en récompense de laquelle l’Esprit Saint se posa sur eux et leur inspira le Cantique de la Mer Rouge !
C’est que l’ouverture de cette mer des Joncs et sa traversée ont dévoilé de plus grands miracles qu’à la sortie d’Égypte. C’est « la main » de l’Éternel qui intervient ici, alors qu’en Egypte les sorciers du Pharaon désignent le « doigt de l’Eternel ». Des miracles cinq fois plus nombreux que ceux réalisés en Égypte, soit cinquante plaies!
Autre prodige : le campement des Hébreux – hommes, femmes, vieillards, enfants, et érev-rav (désigne les égyptiens venus s’associer, par intérêt) – compte plusieurs millions d’individus. Et toute cette population traverse la mer en une seule nuit ! Pour ce faire le Saint béni soit-Il « a porté » littéralement le peuple hébreu pour lui faire traverser la mer.
Le butin ramassé sur le rivage, rejeté par la mer après l’anéantissement de l’armée égyptienne, s’est trouvé bien plus important que tous les trésors pris à la sortie d’Égypte. La promesse annoncée à Avraham : « Ils partiront avec de grandes richesses » (Béréchit XV, 14) se concrétise surtout avec ce « butin de la mer ». Les chars égyptiens étaient décorés de pierres précieuses, et le Pharaon (inspiré par D…) avait emporté, avec son armée, toutes les richesses d’Égypte accumulées par Yossef. Les enfants d’Israël ont pu ainsi les recueillir sur le rivage.
Le Saba de Kelm zatsal, s’interroge sur la nature et la qualité de nos réactions. Nous qui lisons tous les jours dans la Torah ces prodiges phénoménaux en faveur d’Israël, nous continuons à vivre comme si de rien n’était. Comment le niveau de notre Emouna peut-il rester le même? Est-ce l’habitude qui nous endort ?
Le Or Yé’hezkel (tome III p. 208 : du Rav Lewinstein zatsal) explique que les méfaits de l’habitude émoussent toute réflexion, et nous laissent prisonniers d’approches préconçues, acquises depuis l’enfance. La traversée de la mer rouge peut nous apparaitre avec le temps chose normale voire banale. Que les flots soient partagés en douze parties, formant chacune une voûte sur des eaux, figées en murs transparents, permettant de voir les autres tribus, que D… ait même disposé des arbres chargés de fruits, afin que les mères puissent donner à manger à leurs enfants… nous laisseraient, hélas, presque dubitatifs.
Le Rav Lewinstein nous invite à méditer profondément certaines de nos idées reçues, et à apprendre à voir les choses comme si on venait de les découvrir, car tous les miracles que le Saint béni soit-Il a accomplis dans le passé ont justement pour but de raffermir notre foi en Lui, et il importe de susciter dans nos cœurs l’émerveillement sans bornes qui pourra graver en nous une Emouna aussi intense que celle qu’éprouvèrent nos ancêtres lors de la sortie d’Égypte.
Le Ramban écrit (en fin de parachat Bo) que le Saint béni soit-Il n’accomplit pas de miracle à toutes les générations. C’est pourquoi Il nous impose de commémorer, à travers divers signes, tous les prodiges vécus par nos ancêtres afin que nous puissions les transmettre en témoignage à nos descendants jusqu’à la fin des temps.