Le Midrach Rabba (Vayikra 35, 1) nous enseigne, à propos du verset : « J’ai médité sur mes voies, et ramené mes pas vers Tes statuts » (Téhilim XIX, 59), que le roi David s’exclama ainsi : « J’ai médité les bénédictions et les malédictions, les bénédictions de Alef à Tav (de la première à la dernière lettre de l’alphabet) et les malédictions, en sens contraire, de la lettre Vav à la lettre Hé ».
Or justement, dans notre paracha, les bénédictions commencent par la lettre Alef et se terminent par la lettre Tav ; les malédictions par la lettre Vav et se terminent, en sens inverse de l’alphabet, par celle du Hé. On trouve, également dans la paracha Ki Tavo (Dévarim XXVIII, 15-68), des malédictions, qui elles aussi commencent par la lettre Vav et se terminent par la lettre Hé. Voilà des particularités qui méritent qu’on s’y attarde, d’autant qu’elles sont riches d’enseignements.
Le Rav Réouven Karlenshtein, zatsal, rapporte que les lettres Alef et Tav sont dans l’alphabet, aux extrémités, à l’opposé l’une de l’autre ; elles encadrent toutes les lettres intermédiaires, dans un ensemble, qui symbolise la perfection. Aussi les bénédictions seront-elles données au peuple d’Israël, en abondance, pleines et entières, et dans leur totalité.
Les malédictions, quant à elles, serrées entre deux lettres qu’aucun espace ne sépare, seront appliquées d’une manière « étroite », sans qu’elles ne s’attardent sur la communauté d’Israël, quand elles ne seront pas parfois, « inversées ». Comme le déclare Rabbi Avin : « Si vous êtes méritants, Je transformerai les malédictions en bénédictions ! Quand ? Lorsque vous garderez ma Torah, c’est à dire : Si vous vous conduisez selon mes lois. »
C’est intentionnellement que les deux lettres Vav et Hé ont été choisies pour les malédictions. Les commentateurs en proposent l’explication suivante : les lettres Hé et Vav sont deux lettres, situées au milieu du Tétragramme (Youd, Ké (Hé), Vav, Ké), le Nom divin qui est celui de la miséricorde. Aussi, les malédictions, bien qu’elles se présentent comme des punitions pour le peuple, proviennent-elles de l’attribut de la miséricorde divine, et s’exerceraient avec mansuétude.
On remarquera que notre paracha finit ses versets de malédiction par ces deux versets de consolation : « Et pourtant, même alors, (…) Je ne les aurai ni dédaignés ni repoussés (…) car Je suis l’Eternel leur D… ! Et Je me rappellerai en leur faveur, le pacte des aïeux (…) pour être leur D…, Moi l’Eternel », (Vayikra XXVI, 44-45).
Par contre, dans la paracha de Ki Tavo les malédictions se terminent sans parole de consolation. Le Rav Yossef Chlomo Kahaneman, zatsal, de Poneivitch, explique que celles de Béhoukotaï sont au pluriel et s’adressent au peuple tout entier, alors que celles de Ki Tavo sont au singulier. C’est que le peuple d’Israël est assuré de la miséricorde divine qui reviendra toujours vers lui, ce qui n’est pas obligatoirement le cas pour un particulier.
Le Radvaz, lui, fait remarquer que dans la paracha de Ki Tavo, le nom de D… est, à plusieurs reprises, mentionné dans les malédictions : « l’Eternel suscitera chez toi (…), l’Eternel te frappera (…), l’Eternel te fera écraser(…) », alors que dans notre paracha le nom de D… n’est pas rapporté. Or le fait, que dans la paracha de Ki Tavo le nom de l’Eternel soit mentionné avant chaque châtiment, est en soi une consolation. De savoir que le bâton est dans la main de l’Eternel, c’est un soulagement. Car c’est avec bonté que D… frappe les enfants d’Israël, comme il est dit par le roi David : « Ton bâton et ton appui seraient ma consolation » (Téhilim XXIII, 4).
Dans les versets de notre paracha, bien qu’il soit dit : « Moi aussi, Je me conduirai à votre égard avec hostilité » (Id. XXVI, 24), le Nom de D… n’étant pas mentionné, il importait de faire apparaitre la main de D…, dans toutes ces sanctions décrites, afin que l’homme n’en vienne pas à penser que D… l’ait livré aux forces de la nature. C’est pourquoi les malédictions se terminent par deux versets de consolation.
Chabbat Chalom Oumévorakh