« … Tu as mangé de l’arbre dont Je t’avais enjoint de ne pas manger … c’est avec peine que tu tireras ta nourriture (de la terre) tant que tu vivras … C’est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain » (Béréchit III, 17-19).
Au serpent tentateur l’Eternel-Dieu dit : « parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et entre toutes les créatures terrestres; tu te traîneras sur le ventre, et tu te nourriras de terre et de poussière tous les jours de ta vie » (Beréchit III, 14-15).
Rabbi Yossi fait remarquer combien est différente la manière d’agir de D… de celle de l’homme. Irrité par son prochain l’homme est prêt à l’anéantir, alors que D…, bien qu’Il ait maudit le serpent, celui-ci trouve sa nourriture partout où il se trouve. Qu’il monte sur le toit ou qu’il descende à terre, sa nourriture est toujours présente devant lui. Certes le serpent se nourrit d’êtres vivants, mais, selon Rav Ami et Rav Assi, il n’éprouverait que le goût de la poussière ou ne serait rassasié qu’en mangeant de la poussière (Guémara Yoma 75a).
Dans ces conditions, on peut se demander si la malédiction du serpent n’est pas en fait une bénédiction, puisqu’il peut se nourrir sans effort, alors que l’homme n’obtient son pain qu’à force de travail.
Le Rav Yaakov Galinski zatsal nous rappelle la fameuse guémara (Taanit 25b) : à l’époque de Chmouel, la pluie tardant à venir, les Sages avaient décrété un jour de jeûne et de prières. Avant même le lever du soleil, il pleuvait déjà. Les gens de sa communauté pensaient que c’était grâce à leur mérite, mais Chmouel leur répondit qu’au contraire, cela ressemble à l’esclave qui vient demander quelque chose à son maître. Ce dernier lui accorde rapidement sa demande mais c’est pour ne plus l’entendre.
C’est ainsi qu’il convient de comprendre la malédiction du serpent, il est haï, D… ne veut plus l’entendre. Contrairement aux autres animaux, à propos desquels il est dit : « les lionceaux rugissent après la proie, demandant à D… leur pâture » (Téhilim 104, 21) et aussi : « Il donne leur pâture aux bêtes, aux petits des corbeaux qui la réclament » (Idem 147, 9).Par contre le serpent est lui totalement repoussé.
Pour l’homme, qui est le but de la création, sa subsistance est la plus difficile à obtenir. Et plus encore, pour qui s’éloigne de son Créateur, la parnassa devient de plus en plus dure. Non pas qu’il s’agisse d’une punition mais bien au contraire une invitation à se réparer. Il devra prier, implorer et de fait se rapprochera de D…
C’est aussi, nous enseigne Rabbi Chimon Bar Yohaï, la raison pour laquelle, la Manne ne tombait pas du ciel une fois pour l’année ou pour le mois à venir, mais jour après jour, afin que les enfants d’Israël soient quotidiennement tournés vers leur Créateur. Pendant les quarante années de traversée du désert les enfants d’Israël avaient les yeux levés au ciel dans l’espérance renouvelée de ne pas manquer de nourriture.
D… désire la prière des hommes. Au sujet des Cohanim il est dit : « (qu’) ils n’auront point d’héritage au milieu de leurs frères c’est D… qui est leur héritage » (Dévarim XVIII, 2). N’ayant pas eu droit à leur part de la terre d’Israël, ils se trouvent placés à un niveau supérieur, serviteurs de D…, ils jouissent d’une proximité particulière avec D…, qui attendait particulièrement leurs prières et leur envoyait leur subsistance, jour après jour, directement de Sa main.
SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH