Aussitôt après qu’Adam Harichon ait fauté, en mangeant du fruit défendu, « l’Eternel D… appela l’homme et lui dit : Où es-tu ? » (Beréchit III, 9).
On raconte que lorsque le Baal HaTanya, le Rav Chlomo Zalman de Ladi, était en prison en Russie, le directeur de la prison l’interrogeât à propos de ce verset. « L’Eternel sait, bien évidement, où se trouve Adam, pourquoi donc lui demande-t-il où est-ce qu’il est ? »
Le Rav lui répondit que l’explication est à chercher dans les réponses que vont Lui faire Adam et Hava, lorsque l’Eternel les interrogera sur leur conduite. « L’homme dit : La femme – que Tu as mise près de moi – c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’ai mangé ». Et la femme à qui D… demanda : « pourquoi as-tu fait cela ? La femme répondit : le serpent m’a entraînée, et j’ai mangé » (Id. versets 12 et13). Autrement dit, ce n’est pas notre faute mais la faute à autrui ; ils n’ont pas agi de leur propre initiative, ils ont été entraînés.
C’est pourquoi dans la question : « où es-tu ? », il faut entendre : où en es-tu ? Dans ta vie, dans ta personnalité, où en es–tu ? Tu as été créé, seul au monde, pour que tu puisses dire : le monde entier n’a été créé que pour moi (Sanhedrin 37a). Et maintenant que la transgression t’a modifié, où en es-tu dans ton existence, dans tes perspectives d’avenir ?
De fait, c’est la question récurrente que D… pose à tout homme et à chaque génération. C’est vrai que les hommes mangent, s’habillent, et vivent tous à peu près de la même manière, les uns comme les autres, mais l’Eternel a singularisé chacun d’entre nous et attend qu’il développe sa particularité. Chaque individu a été doté de qualités spécifiques pour accomplir la volonté de son Créateur. Il bénéficie d’un énorme potentiel, qu’il se doit d’exploiter au mieux.
Le Zohar Hakadosh (parachat Vayakhel 199a) à propos du prophète Yona, dit que Yona symbolise l’âme, et le bateau le corps ; le corps dans lequel elle se trouve, plus ou moins agitée selon ses périples, et comme Yona, elle ne pourra pas se soustraire à la demande du Créateur et il lui faudra accomplir Sa volonté.
Dans la prière de la Amida, nous disons « notre D… et le D… de nos pères, le D… d’Abraham, le D… de Yits’hak et le D… de Yaakov ». Pourquoi répéter « le D… de » pour chacun de nos pères. C’est pour nous enseigner que la relation à D… de nos patriarches était particulière : chacun d’entre eux a perçu l’Eternel en fonction de ses capacités et de sa spécificité. Ils ne L’ont pas servi parce qu’ils avaient été uniquement « entraînés » par leur père.
Nos Sages recommandent (Sanhedrin 37a) à l’homme de se dire c’est pour moi que le monde a été créé ! Pour moi ? Mais il y a certainement d’autres personnes beaucoup plus grandes et importantes que moi et dans bien des domaines. C’est qu’en fait l’homme est unique dans son individualité, et peut parfaitement servir D… avec les moyens qui lui ont été donnés. Effectivement chaque homme a son propre monde, pour lequel il a été créé, et mis en situation. Il se doit donc de faire tout son possible pour réaliser ce que D… attend de lui.
On peut mieux comprendre maintenant la déclaration de Hillel, faite un jour de Sim’hat Beth Hachoéva, « si je ne suis pas là, qui est là ? » (Souka 53, a), c’est-à-dire qu’il se devait d’être là, à cette place, autrement elle serait vacante ! C’est aussi Hillel qui nous rappelle: « Si je ne suis pas pour moi-même, qui sera pour moi ? » (Avot ch 1, mich 14).
Chabbat Chalom Oumévorakh