Parachat DEVARIM

« Ce sont là les paroles que Moché adressa à tout Israël en deçà du Jourdain, dans le désert, dans la plaine en face de Souf, entre Pharan et Tofel, Laban, Hacérot et Di-Zahav » (Dévarim I, 1).
Ces paroles sont des remontrances que va faire Moché Rabbénou, avant de mourir. Il énumère ici tous les lieux où les enfants d’Israël ont irrité l’Eternel, mais, il dissimule les méfaits eux-mêmes et ne les cite que par allusion, pour préserver leur honneur. (Rachi).
Le dernier mot de ce verset « Di-Zahav » (litt. excès d’or) fait allusion au veau d’or qu’ils avaient fabriqué, comme il est dit : « Je leur ai donné beaucoup d’argent et de l’or, ils en ont fait une idolâtrie » (Hochéa II, 10). Ce « Di-Zahav » n’évoque pas seulement la matière avec laquelle a été fabriqué le veau, mais porte aussi une réprimande supplémentaire.
L’Eternel nous a gratifié du métal le plus cher au monde, et nous l’avons utilisé pour le contrarier, nous en avons fait une Avoda Zara. Comment pouvons-nous relever la tête devant notre Créateur, alors que nous avons utilisé ce qu’Il nous a donné contre Lui-même. « A Toi ô Seigneur la charité et sur nous rejaillit la honte… » (Daniel IX, 7).
La Guémara (Bérakhot 32,a) rapporte au nom de Rabbi Yanaï, Moché a dit devant l’Eternel : « Maitre du monde, c’est à cause de l’excès d’or et d’argent dont tu as comblé les enfants d’Israël, jusqu’à dire Daï (il suffit), qu’ils ont été incités à faire le veau d’or. Le lion ne rugit pas dans une cage pleine de paille mais dans celle pleine de viande. (…) Rabbi Yohanan a dit : que peut faire cet enfant pour ne pas fauter après que son père l’ait lavé, parfumé … puis placé dans un endroit dépravé, une bourse suspendue à son cou ! » Mais dans ces conditions, le reproche est retourné. Il n’y
a plus de remontrance mais, par contre, une justification qui va jusqu’à mettre en cause le Saint béni-soit-Il, Lui-même. Les enfants d’Israël ne sont pas les fautifs, c’est la surabondance octroyée par l’Eternel qui serait responsable ? Le Birkat Mordékhaï répond que de là apparait la grandeur du Saint bénisoit-Il et Sa grande miséricorde envers les enfants d’Israël. En quelque sorte l’Eternel accepterait de prendre sur Lui la responsabilité de la faute du veau d’or.
La guémara nous rapporte trois versets sans lesquels les enfants d’Israël seraient sans voix au jugement céleste :

-« J’ôterai le cœur de pierre de leurs corps et Je leur donnerai un cœur de chair » (Yéhézkel XI, 19).
-« Certes vous êtes sous ma main comme l’argile sous la main du potier » (Yérmiyahou XVIII, 6).
-« Et là où J’ai provoqué le mal » (Mikha IV, 6).

Par ces versets, D… nous laisse quelque argument face au Tribunal d’en haut. On pourrait d’une certaine manière Lui dire c’est Toi qui a provoqué le mal en nous, Tu aurais pu nous débarrasser du mauvais penchant, nous ne sommes pas vraiment coupables ! (Rachi).
Et c’est aussi là, en vérité, la plus grande des remontrances. Si D… nous donne l’or et l’argent avec largesse et qu’Il est même prêt à endosser la responsabilité de nos fautes, comment pouvons-nous être, à ce point, ingrats et utiliser ce qu’Il nous a donné contre Lui-même? C’est ce que dit le verset cité plus haut : « A Toi ô Seigneur la charité et sur nous rejaillit la honte… » (Daniel IX, 7)

SHABBAT SHALOM OUMEVORAH