Parachat  DEVARIM

            « Je vous parlais ainsi (…) Comment donc supporterais-je seul votre charge ? (…) Donnez-vous des hommes sages, intelligents et connus de vos tribus ; je les placerai à votre tête » (Dévarim I, 12-13). 

« Connus de vos tribus », Rachi explique : « Moché leur demanda de choisir, des hommes reconnus, parmi eux. Car si quelqu’un se présente devant moi, revêtu de son vêtement (le talith, à la manière des Juges), je ne saurai pas qui il est, ni à quelle tribu il appartient, ni s’il est qualifié. Mais vous le connaissez, vous, vous l’avez vu s’élever. Voilà pourquoi il est précisé connus de vos tribus. »

Pourtant dans parachat Yithro, sur les conseils de son beau-père : « Et toi, choisis entre tout le peuple des hommes éminents, craignant Dieu, amis de la vérité, ennemis du lucre et place-les à leur tête … » (Chémot XVIII, 21),  il semblait queMoché avait, alors, choisi et désigné de lui-même les Juges. Pourquoi rapporte-t-il maintenant qu’il avait peur de se tromper, qu’il se méfiait des apparences. De plus l’Esprit Saint, le Rouah Hakodech, reposait sur lui, ce qui lui permettait de discerner la vraie valeur de chacun ? (Rachi).

Le rav Yaakov Galinski zatsal explique que la réponse se trouve dans les mots de Rachi « si quelqu’un se présente devant moi revêtu de son talith », c’est-à-dire que si quelqu’un, subitement, se pare du vêtement du Tsadik, je ne saurai le différencier. Il est dit à propos de Éssav que « lts’hak préférait Éssav, parce qu’il mettait du gibier dans sa bouche ; mais Rivka préférait Yaacov » (Béréchit XXV, 28). Comment comprendre que Its’hak ait pu se tromper sur le compte de son fils ? D’autant que le Rambam (dans Moré Névoukhim III, ch.51) précise que les patriarches pouvaient voir sans les yeux et entendre sans les oreilles ! C’est dire de leur niveau spirituel et de leur proximité avec D… qui leur permettaient des possibilités exceptionnelles.

C’est que, poursuit le rav Galinski, lorsque  Éssav était aux côtés de son père, il se trouvait  proche de la Vérité, et la crainte du Ciel l’emportait : il devenait immédiatement Tsadik. L’esprit prophétique, insufflé à Its’hak, ne pouvait lui faire voir autre chose qu’un homme pieux devant lui. Ce n’est qu’en sortant de chez son père que Éssav redevenait « l’homme des champs », et seule Rivka, sa mère, qui le voyait à l’extérieur, connaissait son vrai visage.  De même au contact de Moché rabbénou tous devenaient subitement « hommes sages, intelligents, et connus ».  C’est pourquoi Moché demande à chaque tribu de lui proposer des candidats, reconnus par eux de l’intérieur comme à l’extérieur.

Au moment de la guerre avec Amalek il est dit : « Lorsque Moché levait sa main, Israël avait le dessus et lorsqu’il laissait fléchir sa main, c’est Amalek qui l’emportait » (Chemot XVII, 11). La Michna (Roch Hachana chap.3, 8) s’interroge : « Est-ce les mains de Moché qui faisaient la guerre ? Mais c’est pour te dire que les enfants d’Israël, lorsqu’ils levaient les yeux vers le Ciel et qu’ils soumettaient leur cœur à l’Eternel, l’emportaient. » Pourtant dès que Moché fléchissait Amalek reprenait le dessus. : L’abaissement de Moché a fait perdre cette élévation de tout Israël !

« Quand même tu fixerais ton aire aussi haut que l’aigle et la placerais dans la région des étoiles, je t’en précipiterais, dit l’Eternel » (Ovadia I, 4). Le Midrach Tan’houma (Tsav 2) rapporte que dans les temps futurs, Éssav, enveloppé d’un Talith comme un Sage, viendra s’assoir à côté de Yaakov. Mais comment pourrait-il franchir le seuil du Gan Eden et tromper ainsi les anges gardiens du Paradis ? « Ah! Comme Esaü est fouillé en tous sens, comme ses retraites mystérieuses sont mises à découvert! » (Ovadia I, 6). C’est qu’en approchant du Paradis, il apparaitra comme méritant … mais l’Eternel le repoussera.

Aujourd’hui aussi, au contact des Tsadikim, nous pouvons ressentir une élévation particulière, laquelle, entretenue dans la vie de tous les jours, pourrait nous permettre d’atteindre de hauts niveaux spirituels.  

Chabbat Chalom Oumévorakh