Abraham a chargé son serviteur Eliézer d’aller chercher la femme de son fils Ytshak. Aussitôt après avoir prié, que D… lui vienne en aide, afin d’accomplir sa mission, Eliézer voit apparaitre Rivka sa cruche à l’épaule. Le verset donne la première description de Rivka : « La jeune fille était extrêmement belle, vierge, nul homme n’avait encore approché d’elle » (Beréchit XXIV, 16). Rachi explique que la Torah témoigne ici de sa parfaite pureté.
Nos Sages disent aussi (Midrach Rabba 63,4 ; et voir Rachi XXV, 20) que la Torah répète « Rivka fille de Bétouel, l’Arami, de Padan Aram, sœur de Laban l’Arami » (Beréchit XXV, 20) pour en faire l’éloge : Rivka qui était fille d’un rachà, sœur d’un rachà, et qui habitait un pays peuplé de gens réchaïm, elle n’a pas toutefois suivi leur exemple.
Il est tout de même étonnant que la Torah ne se soit pas attardée sur ses qualités, sur son Héssed exceptionnel ou encore sur sa Crainte du Ciel.
Le Rambam (Déot ch 6, 11) écrit que la nature de l’homme est d’être influencée par les idées et les actions de ceux qu’il fréquente et de s’y conformer. C’est pour cela que l’on doit chercher un environnement où les habitants sont des Tsadikim. Le Rav Zaïdel Epshtein zatsal rapporte le verset : « j’ai observé que le labeur de l’homme et tous ses efforts pour réussir ont pour mobile la jalousie qu’il nourrit contre son prochain ; ceci est encore vanité » (Kohélét IV, 4). Cette jalousie entraine l’homme à vouloir ressembler aux autres, à se vêtir comme ses amis et à vouloir atteindre les plaisirs de ce monde à l’image de son entourage.
D… a ainsi créé l’homme afin qu’il ait des ambitions spirituelles et qu’il cherche à se parfaire. Mais, détournées de la spiritualité, ses aspirations, avides du monde matériel vont le mettre en danger. Jusqu’au dernier jour de sa vie il ne peut jamais être sûr de ne pas fauter. A preuve, l’exemple de Yo’hanan le Cohen gadol qui devint Tsadouki, (saducéen) après quatre-vingt ans de service. Bien que pendant toutes ces années, il entrait dans le Saint des Saints, le jour de Kippour, et en ressortait à chaque fois vivant, signe d’une préparation suffisante, et d’une droiture agréée, il se détourna ensuite du chemin de la Torah.
Rivka n’avait aucun contact avec les gens de son entourage et réussit grâce à cela, à aller à l’encontre de leur nature. Sa grandeur fut telle que même les habitants de son pays, qui avaient de mauvaises mœurs ne la cherchèrent pas et ne pensèrent pas, un seul instant, qu’elle les suivrait dans leur mauvaise conduite. La description de la Torah vient donc nous montrer la personnalité de Rivka qui était respectée dans tout son voisinage. C’est donc la plus grande louange que la Torah puisse lui faire.
C’est aussi ce que l’on retrouve chez Sarah Iménou où le verset dit : « Sarah mourut à Kiryat Arba, qui est Hévron dans le pays de Canaan » (Beréchit XXIII, 2). Pourquoi la Torah précise t elle le lieu du décès de Sarah ? C’est parce que les habitants de Canaan étaient des réchaïm (comme nous le voyons puis qu’Abraham ne voulut pas une femme pour Ytshak, de là bas) et malgré tout Sarah resta intègre : « à cent ans comme à vingt ans, sans aucune faute» (Rachi). La Torah vient préciser qu’elle mourut dans le pays de Canaan, mais durant toute sa vie, elle y habitait comme si elle n’y était pas, et ne fut pas influencée par ses habitants.
C’est aussi la raison pour laquelle Yaakov avant de se rendre chez Lavan se rendit étudier pendant quatorze ans dans la Yéchiva de Chem et Ever (Rachi XXVIII, 9). Yaakov devait affronter Lavan et sa mauvaise influence et décida de puiser auparavant des forces auprès de ces maîtres. Une fois prêt il se rendit chez Lavan et témoignera par la suite : « avec Lavan j’ai séjourné » (XXXII, 5), j’ai séjourné – Garti גרתי, de valeur numérique 613, voulant dire que tout en séjournant chez lui, j’ai continué d’observer les six cent treize commandements.
Chabbat Chalom Oumévorakh