« Mais jusqu’à ce jour l’Eternel ne vous a pas encore donné un cœur pour comprendre, des yeux pour voir, ni des oreilles pour entendre ! » (Dévarim XXIX, 3)
Rachi relève ce jusqu’à ce jour : « c’est ce jour-là que Moché a remis le livre de la Torah aux descendants de Lévi ; tout Israël s’est alors présenté devant lui pour dire : Moché notre maître! Nous aussi étions au Sinaï et avons accepté la Torah, et c’est à nous tous qu’elle a été donnée. Pourquoi laisses-tu les enfants de ta tribu l’accaparer? Ils nous diront demain ce n’est pas à vous qu’elle a été donnée mais à nous! Moché s’est réjoui de cette demande : ce jour-ci tu es devenu un peuple (supra XXVII, 9). C’est aujourd’hui que j’ai compris que vous êtes attachés à D… et désirez Sa présence ».
Surprenant ! Jusqu’à « ce jour », soit quarante ans après le don de la Torah, les enfants d’Israël n’ont pas encore été appelés « peuple »? Pourquoi et en quoi cette demande particulière fait-elle des enfants d’Israël un peuple?
En s’appuyant sur le Rav Haïm Zaytchik zatsal on peut répondre qu’au Sinaï les enfants d’Israël ont reçu une Torah qu’ils avaient acceptée de recevoir, mais dont ils n’en avaient pas fait la demande. Cette démarche, ce jour-là, fera d’eux un peuple, Le peuple de l’Eternel.
Dans son livre Or Hadach, le Rav rapporte la Guémara (Baba batra 75b) qui, au nom de Rabbi Hanina Bar Papa, enseigne que le Saint béni-soit-Il voulait tout d’abord donner à Jérusalem des contours définis, comme il est dit : « Je levai les yeux et regardai et il se présenta un homme qui avait à la main un cordeau à mesurer, je demandai : où va tu? Il me répondit : je vais mesurer Jérusalem pour voir qu’elle est sa largeur et sa longueur » (Zékharia II, 5-6). Les anges se présentèrent alors pour Lui dire : Maître du monde, Tu as créé nombre de villes pour les nations et Tu n’en as pas fixé les contours. Jérusalem, où se trouve le Temple et la résidence de Ton nom Tu la délimites ? C’est alors poursuit le verset : « qu’un autre ange vint à sa rencontre et lui dit : cours et parle à ce jeune homme en ces termes Jérusalem sera habitée à l’état d’une ville ouverte (sans limite) en raison de la multitude d’hommes et de bêtes qui s’y trouveront ». Le Or Hadach nous explique que tout dépend du vouloir, et du désir des créatures. C’est cela qui crée le réceptacle de la bénédiction. Sans l’intervention des anges, Jérusalem aurait été fixée dans des dimensions arrêtées. L’Eternel donne Sa bénédiction et dispense Ses largesses en réponse à la demande formulée.
De même pour Pessah chéni, les hommes, occupés à enterrer Nadav et Aviou (les enfants de Aharon), se sont trouvés en état d’impureté, et ne pouvaient présenter le sacrifice pascal en son temps. Bien qu’affectés à la grande mitsva d’enterrer ces Tsadikim, et dispensés, à priori, de toute autre mitsva, ils vinrent trouver Moché pour réclamer un rattrapage. Suite à cette demande, fut proposé un Pessah chéni, offert à tous ceux qui n’étaient pas purs au moment du premier sacrifice. Mais la Torah n’a inscrit ce rattrapage qu’après la requête explicite de ces hommes qui ne voulaient pas être exclus et qui regrettaient de ne pas avoir pu faire le sacrifice avec tout le monde (Bamidbar IX, 7). Voyant leur désir d’accomplir la Mitsva, et en réponse à leur demande l’Eternel a donné une Mitsva supplémentaire, un deuxième Pessah.
SHABBAT SHALOM OUMEVORAH