Nous avons pour ce mois de Elloul, ce mois qui précède Roch Hachana, une allusion directe dans les premières lettres des mots du verset : « Je suis à mon Bien-Aimé, et mon Bien-Aimé est à moi » : Ani ( alefא ) Lédodi ( lamedל ) Védodi (vav ו) Li ( lamed ל ) אלול ELLOUL (Chir Hachirim VI, 3).
Ce verset, comme beaucoup d’autres dans le Chir Hachirim (Cantique des Cantiques), nous dévoile ces liens d’amour tissés entre le peuple d’Israël et l’Eternel, notre «Bien-Aimé ». Cette relation est interdépendante : l’Eternel sera pour moi de la même manière que je suis pour Lui. C’est pourquoi Elloul nous invite à nous rapprocher d’Hachem, et particulièrement en ce mois où Hachem vient à notre rencontre.
Un autre verset dit (Id. V, 2) : « Je dors mais mon cœur est éveillé : c’est la voix de mon Bien-Aimé ! Il frappe : Ouvre-Moi, Ma sœur, Ma compagne, Ma colombe, Mon amie accomplie (…) J’ai enlevé ma tunique comment pourrais-je la remettre ? Je me suis lavé les pieds comment pourrais-je les salir ? Mon Bien-Aimé tend sa main à travers la lucarne, et mes entrailles s’émeuvent en sa faveur. Je me lève pour ouvrir à mon Bien-Aimé (…) J’ouvre à mon Bien-Aimé, mais mon Bien-Aimé est parti, a disparu (…) Je Le cherche et je ne Le trouve point, je L’appelle et Il ne me répond pas. »
« Je dors mais mon cœur est éveillé. » Le peuple d’Israël s’adresse à l’Eternel et Lui dit : « Même s’il apparait que je dorme, mon cœur reste toutefois éveillé. » Cet homme allongé qui ne bouge pas, est-il mort ? Peut-être est-il tout juste endormi ? Voyons voir si son cœur bat ! On pourrait croire que nous sommes sans vie et détournés de notre Bien-Aimé, cependant la Knesset Israël proclame : Je dors, par moment, mais mon cœur est éveillé !
L’Eternel ne veut pas nous voir assoupis, inertes, délaissant la Torah et les Mitsvot, c’est pourquoi il nous appelle : « C’est la voix de mon Bien-Aimé ! Il frappe : Ouvre-Moi, Ma sœur, Ma compagne, Ma colombe, Mon amie accomplie. » Ouvre moi ! Ne serait ce qu’une petite ouverture, fut-elle aussi fine que le chas d’une aiguille, cette voie vers la Téchouva, D… nous promet de l’ouvrir ensuite comme une large porte au travers de laquelle pourront passer charrettes et wagons (Midrach Rabba Chir 5,2).
« Ma sœur, Ma compagne, Ma colombe, Mon amie accomplie » sont autant de marques d’affection et d’attachement que l’Eternel nous adresse. Rabbi Chimon Bar Yohaï disait (Midrach Rabba Chir 12, 8) que s’il n’était venu dans ce monde que pour entendre ces marques d’amour de la part de l’Eternel, cela lui aurait suffit.
Malheureusement, nous tardons à réagir, à répondre à Son appel, toutes sortes d’empêchement nous accaparent et nous brouillent l’esprit. « J’ai enlevé ma tunique comment pourrais-je la remettre ? Je me suis lavé les pieds comment pourrais-je les salir ? » Nos meilleures intentions sont reportées au lendemain, à plus tard, voire à jamais. Pourtant a priori nous sommes prêts à tout, nous aspirons à Lui faire plaisir, mais notre mauvais penchant vient nous distraire. Le verset dit : « Va livrer bataille à Amalek, demain » (Chémot XVII, 9), c’est que justement l’arme d’Amalek est de nous faire tout repousser au lendemain… C’est aussi ce Amalek que nous devons combatre.
« Mon Bien-Aimé tend sa main à travers la lucarne, et mes entrailles s’émeuvent en sa faveur. » L’Eternel intervient et nous secoue ; il suffit parfois d’une petite difficulté, d’une petite souffrance, qui alors viendra nous réveiller.
C’est alors que « Je me lève pour ouvrir à mon bien-aimé (…) J’ouvre à mon bien-aimé, mais mon bien-aimé est parti, a disparu (…) Je Le cherche et je ne Le trouve point, je L’appelle et Il ne me répond pas. » Car l’Eternel attendait que nous fassions nous-mêmes le premier pas, et nous avons tardé.
C’est en Elloul que notre Bien-Aimé vient frapper à notre porte, Il nous appelle. Alors profitons du moment, pour répondre présent, Le chercher et courir vers Lui sans tarder, autrement quand « Il sera parti, Il aura disparu … Il ne (nous) répond(rai)t pas. »
Chabbat Chalom Omévorakh