Parachat KI TETSE

Dans la Paracha de cette semaine se trouve la loi concernant le « fils dévoyé et rebelle » qui, entre l’âge de treize ans et treize ans et trois mois, devra être lapidé par tous les habitants de sa ville. Les conditions requises pour sa condamnation sont si particulières que la Guémara (Sanhedrin 71a) témoigne qu’il n’y en a jamais eu et qu’il n’y en aura jamais. Tous ces versets ne sont écrits que pour les étudier et en recevoir la récompense. Et déjà l’enseignement que l’étude nous fera découvrir est en soi une récompense.
La Torah nous dévoile son délit : il «… n’écoute pas la voix de son père, ni la voix de sa mère, et malgré leurs corrections, il persiste à leur désobéir (…) il est glouton et ivrogne.» (Dévarim XXI, 18-20). Il a reçu des coups de fouet mais persiste dans sa conduite. Nos Sages précisent (Sanhedrin 70a) qu’il n’est coupable que s’il vole de l’argent à son père pour aller s’acheter une quantité précise de viande (un tartimar) pour la consommer avec un demi « log » de vin. Mais est-ce suffisant pour le condamner? C’est que la Torah a pénétré la psychologie de cet enfant; il finira par dilapider le patrimoine de son père, et cherchant en vain à assouvir ses passions, il se tiendra à la croisée des chemins pour détrousser les passants en les tuant (Rachi). La Torah dit : mieux vaut « qu’il meure innocent plutôt que coupable! »
La Guemara (Roch Hachana 16b) affirme pourtant que l’homme n’est jugé que d’après ses actes présents et non d’après ceux qu’il réalisera plus tard. Nous l’apprenons de Yichmaël à propos duquel il est dit : « car D… a entendu la voix du garçon là où il est» (Béréchit XXI, 17). Lorsque Abraham renvoya sa servante Hagar avec son fils Yichmaël, ce dernier frappé de fièvre et en manque d’eau, faillit périr dans le désert. C’est alors que « l’Eternel lui ouvrit les yeux et elle aperçut une source » (id XXI, 19). Les anges Lui dirent : « Maitre du monde comment peux-tu sauver celui dont les descendants feront un jour mourir tes enfants de soif ? » Effectivement, exilés par Nabuchodonosor, les enfants d’Israël se dirigèrent vers ceux d’Yichmaël, qui sortirent à leur rencontre chargés de viandes, de poissons très salés, et d’outres gonflées d’air. Les juifs, après avoir mangé, se trouvaient assoiffés et pensaient boire l’eau des outres qui n’étaient pleines que d’air, lequel pénétra dans leur corps et ils en sont morts. L’Eternel répondit alors aux anges qu’en ce moment il est innocent et mérite d’être sauvé. Pourquoi donc le fils rebelle est-il condamné préventivement alors qu’il est encore « innocent »?
Le Rav Koppelman zatsal avait l’habitude de répondre (d’après le Ibn Ezra) : le fils rebelle est en fait un Apikoros (un renégat) pour qui ce monde n’est que le moyen d’assouvir les désirs et les passions de l’homme. Tous les comportements de ce fils rebelle, mentionnés par la Torah, ne sont en fait que les symptômes du trouble profond, ancré chez cet enfant, sans qu’il n’en ait lui-même conscience ». C’est ce qui le condamne à mort dès aujourd’hui, et c’est ce que nos Sages nous enseignent en disant que « la Torah a pénétré au plus profond de sa psychologie ». Ce n’est donc pas sur ses actions à venir qu’il est en fait jugé, mais sur la racine des fautes de demain qu’il porte en lui aujourd’hui. C’est cet enseignement que la Torah veut nous donner ici, à travers le fils rebelle.

SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH