« Si tu rencontres en chemin un nid d’oiseau sur tout arbre ou à terre, avec des oisillons ou des œufs sur lesquels soit posée la mère, tu ne prendras pas la mère avec sa couvée. Envoie la mère, envoie-la, et les petits, tu pourras les prendre ; ainsi tu seras heureux et tu prolongeras tes jours. » (Dévarim XXII, 6-7)
Rabbi Yaacov enseigne (Houlin 142a) : « Si le père demande à son fils d’aller lui chercher les oisillons, et que le fils monte sur l’arbre, renvoie la mère, s’empare des oisillons, mais chute en descendant, et meurt sur le coup (alors que l’accomplissement de ces deux mitsvot aurait dû prolonger ses jours), qu’en est-il de cette promesse du verset ? C’est qu’il faut comprendre : tu prolongeras tes jours … dans le monde futur, le monde où nos jours y sont rallongés ! »
Rav Yossef ajoute : « Si A’hér (Elicha ben Abouya) avait expliqué ce verset comme son petit-fils (rabbi Yaacov), il n’aurait pas abandonné le chemin de la Torah ! » C’est qu’il avait été témoin d’une telle scène, et en avait conclu d’abandonner la Torah.
On peut toutefois se demander pourquoi cette interprétation que la longue vie est pour le monde futur, n’est pas venue à l’esprit de A’hér, lequel était pourtant un très grand érudit en Torah ?
Le Birkat Mordékhaï explique, à partir du verset, « Tu sauras aujourd’hui, et tu le reconnaîtras en ton cœur que le Seigneur est D… (…) il n’y en a point d’autre », que l’on ne peut se suffire des premiers mots du verset, il faut en accomplir la suite « et tu le reconnaîtras en ton cœur » (Dévarim IV, 39). Il importe d’intégrer notre connaissance, que notre corps s’imprègne de notre savoir et alors seulement nous serons assurés d’atteindre de hauts niveaux de spiritualité.
Nous croyons au monde futur, à la punition et à la récompense, et cependant nous n’éprouvons pas de crainte. A quelques semaines de Roch Hachana, jour du jugement, l’appréhension et le souci du Din ne sont pas toujours au rendez-vous. C’est justement en cela que notre génération diffère des précédentes. Si nous avons le « Tu sauras aujourd’hui », nous avons du mal à le vivre, et beaucoup à nous améliorer dans le « tu Le reconnaîtras en ton cœur ».
Qui vit dans les valeurs du monde à venir, comprendra facilement que le « tes jours se prolongeront » s’applique au monde futur, suivant l’enseignement de rabbi Yaacov. A’hér, quant à lui, ancré dans ce monde-ci, ne pouvait expliquer le verset de cette manière.
On comprendra mieux maintenant ce passage, dans la guémara Makot (24b), lorsque des sages, à Jérusalem, aperçurent un renard sortant du saint des saints. Raban Gamliel, rabbi Eleazar ben Azarya et rabbi Yéhochoua se mirent à pleurer, mais rabbi Akiva lui se mit à rire. Il expliqua sa « joie » par le lien qu’il retenait entre la prophétie de Zékharya et celle de Ourya le pontife, à savoir que si des renards se trouvent sur le Temple détruit, c’est qu’un jour nous aurons droit à la reconstruction du troisième Temple, ces deux prophéties étant étroitement liées.
Rabbi Akiva avait bien intégré la prophétie de la délivrance. Pour lui, la simple apparition du renard, confirmait celle promise dans Zékharya à savoir qu’à « nouveau des vieux et des vieilles seront assis sur les places de Jérusalem… » (Zékharya VIII, 4).
Chabbat Chalom Oumévorakh