Après avoir rapporté la querelle de Kora’h, contestant le statut d’Aaron, la Torah va réaffirmer justement le choix d’Aaron, et détailler les dons (vingt-quatre) réservés aux Cohanim à titre perpétuel (les prémices, la térouma, le rachat du premier né, certaines parties des offrandes, etc.).
Ensuite au sujet des lévyim il est écrit : « quant aux enfants de Lévi je leur donne pour héritage toute dîme en Israël (…) c’est pourquoi je leur déclare qu’ils n’auront point de patrimoine entre les enfants d’Israël » (Bamidbar XVIII, 21-24).
Le Rav Eliahou Lopian zatsal précise, que déjà en Egypte, les enfants d’Israël donnaient de leur pain à la tribu de Lévi. Lorsque Yaakov et ses enfants descendirent en Egypte, Yossef leur avait choisi pour résidence la terre de Gochen. Nos Sages expliquent que celle-ci avait été donnée antérieurement à Sarah par Pharaon (comme Kétouba, lorsqu’il voulut l’épouser). C’est cette terre, sanctifiée par Sarah et qui était restée sa propriété, que Yossef leur attribua préférentiellement.
Lorsque Pharaon voulut asservir le peuple d’Israël, il le fit par étapes, leur proposant au départ de travailler en étant rémunérés, mais pour ce faire il leur fallait se rendre dans les villes de Pitom et de Raamsès. C’est ainsi que les enfants d’Israël quittèrent alors leur lieu de protection. Leur esclavage pouvait commencer.
Mais les Lévyim ne quittèrent pas la terre de Gochen et selon la loi égyptienne le Pharaon ne pouvait les asservir. Afin de les contraindre il décida alors que la nourriture ne serait distribuée que pour ceux qui travaillent. Les Levyim n’avaient donc plus de quoi manger mais les enfants d’Israël sont venus partager leur ration de nourriture avec eux. Ils leur donnèrent volontairement la moitié de leur pain pour leur permettre de vivre tranquillement, libres, en terre de Gochen. C’est ainsi que les Lévyim, n’étant pas soumis à l’esclavage, s’adonnèrent complètement à l’étude de la Torah.
Bien avant les miracles de la sortie d’Egypte, et la traversée de la mer rouge, le peuple d’Israël avait compris l’importance du Chevet-Levi, voué au service de l’Eternel, et consacré entièrement à l’étude de la Torah. Cette tribu à part, était la référence et le berger du peuple. C’est pourquoi la génération du désert fut appelée «dor-déa » (la génération de la connaissance), et méritait le don de la Torah. Rabbi Chimon bar Yohaï écrit dans le Zohar que depuis la création du monde il n’y a pas eu d’aussi belle génération et il n’y en aura pas de telle jusqu’à la venue du Machia’h.
C’est aussi, explique le Rav Yéhezkel Levinchtein zatsal, l’argument de Moché Rabbénou, lorsqu’il s’adresse à Korah et à son assemblée : « C’est donc peu pour vous que le D… d’Israël vous ait distingués de la communauté d’Israël, en vous admettant auprès de lui (…) Il t’a donc approché de Lui, toi et tous tes frères, les enfants de Lévi et vous réclamez encore le sacerdoce »(Bamidbar XVI, 9-10). Moché leur reproche de ne pas réaliser à leur juste mesure l’importance et la grandeur de l’étude de la Torah, et le privilège de celui qui s’y consacre. C’est à cause de ce manque de discernement qu’ils demandaient la Kéhouna. Car il est dit : « elle est plus précieuse que les pninim (les perles) et toutes tes occupations ne la valent point » (Michlé III, 15)
Le Talmud Yérouchalmi (Péa, ch 1) précise que même les « occupations du ciel », c’est-à-dire les autres Mitsvot ne valent pas l’Etude de la Torah. Le terme « pninim » (les perles) signifie aussi à « l’intérieur de l’intérieur ». C’est une allusion au Kodech Hakodachim (le Saint des Saints) à l’intérieur duquel pénétrait le Cohen Gadol le jour de Kippour. Et cependant, un Cohen Gadol am haarets (ignorant) vaut moins qu’un Talmid Hakham « mamzer » (Horayot 13b). La Torah est la plus importante de nos préoccupations car elle est la finalité de la création. C’est pourquoi « Le Talmid Hakham est plus précieux que le Cohen Gadol » (fonction que réclamait Kora’h) (Sottah 4b).
Chabbat Chalom Oumévorakh