« Vous chasserez tous les habitants de ce pays, vous anéantirez tous leurs symboles, toutes leurs idoles de métal (…) car c’est à vous que Je le donne pour en prendre possession (…) Or si vous ne chassez pas devant vous tous les habitants de ce pays, ceux que vous aurez épargnés seront comme des épines dans vos yeux et comme des aiguillons à vos flancs, ils vous harcèleront sur le territoire que vous occuperez. » (Bamidbar XXXIII, 52-55).
Le Midrach Rabba (23,9) rapporte le verset (Iyov XXXV, 11) : « Il nous instruit des animaux de la terre et nous éclaire des oiseaux du ciel. » L’Eternel dit aux enfants d’Israël : « Prenez l’exemple du taureau de Eliyahou ! Lorsque ce dernier défia les prophètes du Baal sur le mont Carmel (Mélakhim I, XVIII, 26), il prit deux taureaux, un pour être sacrifié à l’Eternel et le deuxième qu’il leur donna pour leurs dieux, afin que la pluie vienne interrompre la sécheresse. Le taureau destiné au Baal refusa d’avancer ! »
Quatre cent cinquante prophètes du Baal et quatre cent cinquante autres de Achera, réunis pour le faire avancer, ne réussirent pas à le déplacer. C’est alors qu’Eliyahou lui dit : « Vas avec eux ! » Le taureau lui répondit : « Vais-je aller mettre en colère mon Créateur ? » Eliyahou lui répondit : « la pluie ne tombera pas, la vanité de l’idolâtrie sera dévoilée et le Nom Divin sera sanctifié par toi.» Cependant le taureau jura de ne pas bouger de lui-même, et c’est Eliyahou qui le livra dans les mains des prophètes du Baal.
L’Eternel poursuivit et dit : « Apprenez aussi des corbeaux qui venaient nourrir Eliyahou (XVII, 4). Je leur ai ordonné de prendre la nourriture de chez Yéhochafat, mais ils ne voulaient pas pénétrer la maison de A’hav, parce qu’il y avait des idoles. Apprenez donc du taureau et des corbeaux et ne vous tournez pas vers des dieux étrangers ! »
Ce Midrach est étonnant. Qu’un tel taureau, doué d’une force spectaculaire, et de « convictions » aussi fermes, discute avec Eliyahou relève évidemment du miracle ! Peut-il vraiment servir d’exemple aux enfants d’Israël ?
Le Birkat Mordékhaï (rabbi Baroukh Mordékhaï Ezra’hi chlita) répond : « il est vrai que selon la logique d’Eliyahou, ce taureau va lui aussi sanctifier le Nom Divin en montrant la vanité des prophètes du Baal, cependant la réaction de ce taureau nous apprend qu’aucun calcul n’est valable face à une action interdite par la Torah. Seul Eliyahou par « Horaat chaa » (décret exceptionnel du moment), qui fait entorse à la règle, lui propose de se laisser déplacer.
Bien que les animaux n’aient pas de Mitsvot (de commandements) à observer, ce passage nous apprend qu’une mitsva de la Torah n’est pas juste une action à faire ou ne pas faire, par celui qui en serait concerné, mais qu’elle est comme un principe ancré dans la nature de ce monde. Elle est une réalité absolue que même les animaux ne souhaitent pas transgresser. C’est pourquoi le taureau avait juré de ne pas bouger, tant sa décision était ferme qu’il reçut toutes les forces nécessaires pour pouvoir résister. Plus aucun calcul n’était envisageable pour enfreindre la volonté Divine.
De même pour les corbeaux d’Eliyahou, comme tout lien avec l’idolâtrie représente une faute grave, la moindre proximité de Avoda Zara, dans la maison d’A’hav repoussait les animaux.
C’est l’enseignement qu’il nous faut retenir, à savoir que la nature du monde est aussi celle de l’homme et que lorsque notre décision est forte plus rien au monde ne pourrait nous faire dévier de la volonté d’Hachem.
Chabbat Chalom Oumévorakh