A propos de l’esclave canaanéen qui a été blessé par son maître la Torah nous enseigne : « Si un homme blesse l’oeil de son esclave ou de sa servante de manière à lui en ôter l’usage il le renverra libre à cause de son oeil; et s’il fait tomber une dent (…) il lui rendra la liberté à cause de sa dent. » (Chémot XXI, 26-27)
Les Tossafot rapportent le Midrach qui explique que l’origine de l’esclavage vient de la malédiction de Noah à son fils ’Ham et à sa descendance. ’Ham a vu la nudité de son père et l’a rapportée à ses frères. Il a fauté avec ses yeux et avec sa bouche. C’est pour cela que l’esclave, frappé à l’oeil ou à la dent, sera libéré. Le Rav Ovadia de Barténoura rajoute que tant que ces deux membres sont intacts il reste esclave, une fois brisés il sort libre.
Entre la faute de l’arrière-grand-père au travers de ces deux membres et la libération de l’esclave lorsqu’ils sont atteints, il existe donc un rapport certain qu’il importe d’expliciter.
Le corps humain, rappelle le Rav Miller zatsal de Gateshead, est composé de 248 « membres » et de 365 « tendons », lesquels correspondent aussi aux mêmes, membres et tendons, spirituels qui habillent l’âme (la néchama). Par l’accomplissement des Mitsvots (qui sont 248 obligations « positives » et 365 interdictions dites « négatives ») l’homme alimente et « répare » le membre auquel est reliée telle ou telle Mitsva. La faute aussi agira sur son correspondant corporel mais pour le « détériorer », pour le frapper. Et c’est la douleur et la souffrance du membre en question qui pardonnera sa faute, mesure pour mesure.
L’empreinte de la mitsva sur le membre, comme celle de la faute, reste marquée, même après la mort de l’homme. C’est ce qui est dit sur Izévél (Jézabel) : « et sur Jézabel aussi l’Eternel a dit cette parole, les chiens dévoreront Jézabel dans le territoire de Jezreël » (Mélakhim I, 21-23) « ils allèrent pour l’ensevelir, mais ne trouvèrent plus d’elle que le crâne, les pieds et les paumes des mains » (idem II, 9,35).
Le Midrach (Yalkout Chimoni 2, 232) explique que Jézabel sortait accompagner, de quelques pas, tous les morts, vers leur dernière demeure. Elle frappait des mains et les pleurait dans les paroles, sorties de sa bouche. Elle accompagnait, aussi, toute jeune mariée qui passait proche de chez elle. C’est pour cela que seuls sa tête, ses mains et ses pieds furent préservés pour être enterrés.
Les exemples de cas analogues sont multiples. L’esclave juif, (dans notre Paracha) qui refuse d’être libéré au terme des six années prévues par la Torah, « son maître lui percera l’oreille avec un poinçon, et il le servira pour toujours » (Chémot XXI, 6) ! Rabbi Yohanan Ben Zakaï enseigne : cette même oreille qui a entendu au mont Sinaï : « tu ne voleras pas», (et malgré cela il ne s’est pas empêché de voler) qu’elle soit donc poinçonnée ! Et aussi : « tu n’auras pas d’autres dieux » et celui-là s’est libéré du joug de la royauté céleste pour se
soumettre à l’autorité d’un être de chair et de sang. Que son oreille soit percée ! ( Guémara Kidouchin 22).
Quand bien même on voudrait dire, quelques générations plus tard, que cet esclave juif du moment, n’était pas au mont Sinaï et qu’il n’aurait pas reçu l’interdiction de voler, cet ordre entendu par ses pères le concerne et l’engage comme tous les descendants.
Shabbat Shalom Oumevorakh