« Celui qui présenta le premier jour son offrande fut Nahchon le fils de Aminadav de la tribu de Yéhouda » (Bamidbar VII, 12).
Le Midrach Raba (13,7) nous enseigne que lorsque les enfants d’Israël se sont trouvés face à la mer rouge, les tribus se sont disputées pour ne pas avancer dans la mer. C’est enfin Nahchon qui se décida et qui se jeta à l’eau le premier, suivi de toute sa tribu, (selon Rabbi Yéhouda) et c’est pour cela qu’il eut le mérite d’offrir son offrande en tête. D… dit à Moché : « celui qui fut le premier à sanctifier Mon Nom sera celui qui apportera son offrande en premier ».
On peut se demander pourquoi les autres tribus ont tellement hésité à s’engager et à sanctifier le nom de D… alors que de génération en génération la sanctification du Nom Divin a toujours été une priorité et une constante pour le peuple d’Israël dans sa conduite.
Le Rav Haïm Chmoulevitch Zatsal explique que si l’ordre de D… avait été de sauter dans la mer pour donner leur vie, il est évident que les enfants d’Israël n’auraient pas hésité. Mais ici il s’agissait de rentrer dans la mer pour la traverser à pied sec, comme il est dit : « Pourquoi m’implores-tu? Ordonne aux enfants d’Israël de se mettre en marche » (Chémot XIV, 15). Entrer dans une mer mouvementée et ressentir que l’on marche sur un sol sec relève d’un degré de Emouna (de foi) que seul Nahchon a atteint à ce moment là. Il a sanctifié le Nom de D… en cela qu’il a montré qu’il n’y avait pas pour lui, dans l’observance du commandement divin, de différence entre la mer et la terre sèche.
« Ainsi parle l’Eternel (dit le verset dans Yérmiyah II, 2): Je te garde le souvenir de l’affection de ta jeunesse, de ton amour au temps de tes fiançailles, quand tu me suivais dans le désert, dans une région inculte ». Les enfants d’Israël n’ont pas traversé le désert dans le but d’y mourir ; bien que très nombreux, tous ces hommes femmes et enfants qui se trouvaient dans « ce vaste et redoutable désert, plein de serpents venimeux et de scorpions, sur ce sol aride et sans eau» (Devarim VIII, 15) étaient cependant tout à fait confiants. Ils avaient le sentiment de traverser des lieux habités, en toute sécurité. Et c’est cela le « souvenir de l’affection de ta jeunesse », ils allaient avec conviction suivant l’ordre de D… sans tenir compte de ce qui les entourait, tranquilles comme un enfant dans les bras de sa mère.
C’est aussi ce que nos Maîtres nous enseignent à propos de Hannaniya, Michael et Azariya, jetés dans la fournaise par Nabucodonosor. Ils se sont dit que si les grenouilles, en Egypte, s’étaient lancées dans les fours sur l’ordre de D… et qu’elles n’en étaient pas mortes, ils mériteraient, eux aussi, d’être sauvés du feu. Mais alors, sachant qu’ils allaient s’en sortir, où donc est leur mérite ? En quoi ont-ils sanctifié le Nom de D…? Paradoxalement c’est parce qu’ils sont entrés dans le feu dans le but d’en être sauvés par miracle. Cette certitude les a faits se conduire comme s’il n’y avait pas de feu, ils sont allés accomplir la volonté divine, essentiellement. Ils n’allaient pas, pour donner leur vie (ce qu’ils auraient fait s’il eut fallu) mais pour accomplir la volonté de D… et entrer dans le feu comme s’il n’y en avait pas.