« Car cette loi que je t’impose en ce jour, elle n’est pas cachée de toi, et elle n’est pas éloignée. » (Dévarim XXX, 11-12).
Le Midrach (Rabba 8, 2) enseigne : « Et si vous vous dites que Je vous ai donné cette Torah pour votre mal, non ! C’est pour votre bien que Je vous l’ai donnée ! Les anges l’ont désirée, mais elle est restée cachée d’eux : « Elle se dérobe aux yeux de tout vivant, elle est inconnue à l’oiseau du ciel » (Iyov XXVIII, 21). Les oiseaux du ciel, ce sont les anges, comme il est dit : « Alors un des séraphin vola à moi. » (Yéchaya VI, 6). L’Eternel a précisé : Les anges ne la connaissent pas, mais vous, vous la connaissez, comme dans notre verset : « Elle n’est pas cachée de toi » mais elle est cachée des anges.
Ce Midrach nous interpelle ! Comment penser que la Torah nous ait été donnée pour notre mal ? La réponse de l’Eternel est aussi étonnante. En quoi le fait que les anges l’ont désirée est une preuve qu’elle est pour notre bien ? Elle pourrait être bonne pour les anges mais pas pour les hommes !
Les commentateurs nous proposent une réponse. La Torah est « une épice » contre le (mauvais goût du) Yetser Hara, comme disent nos sages (Kidouchin 30b) : l’Eternel proclame : « J’ai créé le mauvais penchant, Je lui ai créé la Torah comme épice ! » Cependant elle n’est pas là uniquement comme remède, elle nous permet aussi de nous élever pour nous attacher au Créateur, (Nefech Hahaïm Chaar 4, ch 6).
Si la Torah nous avait été tout juste donnée pour contrer le Yétser harah, les anges, qui n’ont pas de mauvais penchant, ne l’auraient pas réclamée. Mais comme la Torah peut nous élever à de hauts niveaux de spiritualité, les anges en sont demandeurs. C’est cette preuve que l’Eternel donne en réponse aux enfants d’Israël. L’Eternel, qui l’a réservée aux enfants d’Israël, nous montre Son amour pour Son peuple, comme le Zohar le précise : « l’Eternel, la Torah et Israël forment une seule entité ».
Une autre réponse est aussi donnée. Le Talmud (Irouvin 13b) rapporte la grande discussion, qui dura deux ans et demi, entre Beth Chamaï et Beth Hillel : valait-il mieux pour l’homme d’avoir été créé ou pas. La conclusion fut qu’il aurait mieux valu pour l’homme qu’il ne fut pas créé ! Et maintenant qu’il l’a été, il lui importe de bien faire attention à ses actes.
Le Maharcha explique que, certes, si l’homme n’avait pas été créé, il n’aurait transgressé aucun des 365 commandements négatifs, mais aussi, il n’aurait accompli aucune des 248 Mitsvot de la Torah. La discussion étant de savoir si l’homme avait plus à gagner avec ses Mitsvot ou à perdre par ses transgressions, la conclusion fut qu’il avait plus de chance de transgresser.
Cependant la création de l’homme n’était pas que pour lui-même, il a aussi été créé pour la gloire et pour l’honneur de l’Eternel. A lui d’accomplir les commandements positifs et de sanctifier le Nom Divin.
On peut maintenant peut-être proposer une autre lecture de notre Midrach. L’homme pourrait se dire que finalement, vu ses transgressions, la Torah lui aura été donnée pour son malheur, et qu’il eut mieux valu qu’il ne fût pas créé. On lui répondra de prendre exemple sur les anges, lesquels ont réclamé la Torah, pour l’accomplissement des mitsvot positives. N’ayant pas de mauvais penchant, ils n’auraient, par contre, pas de mérite pour ne l’avoir pas transgressée.
Grandes sont les mitsvot, grâce auxquelles l’homme peut acquérir une part au monde futur. L’Eternel ne les a pas accordées aux anges. La Torah restera uniquement l’héritage du peuple d’Israël.
Chabbat Chalom Oumévorakh