Parachat NOA’H
« Alors D… se souvint de Noa’h, et de tous les animaux sauvages et de toutes les bêtes qui étaient avec lui dans l’arche » (Beréchit VIII, 1). De quoi se souvint-Il ? Des bonnes actions de Noa’h, qui s’était occupé à nourrir tous les animaux de l’arche pendant les douze mois (Midrach Rabba).
Abraham Avinou demanda à Malkitsedek ( Chem ) par quel mérite avaient-ils pu survivre dans la Téva et en sortir vivants? Chem répondit : « grâce à la Tsédaka que nous avons pu dispenser tous les jours ! » Abraham s’était étonné : « mais il n’y avait pas de pauvre avec vous ! » Et Chem de lui répondre : « il s’agit des bêtes sauvages, des bêtes domestiques, et des oiseaux. Jour et nuit, nous étions à leur service, les yeux de mon père n’ont pas connu le sommeil dans l’arche ! Et même, un jour qu’il était en retard pour le repas du lion, celui-ci le blessa au talon, le laissant infirme, boiteux, toute sa vie ». Abraham se dit alors en lui-même « si leur générosité, prodiguée envers les bêtes, leur a valu tant de mérites, à plus forte raison, moi qui m’occuperai des hommes, lesquels sont à l’image de D…, je serai épargné de toute mésaventure » (à partir du Midrach Cho’har Tov-Téhilim 37).
Le Rav Eliahou Lopian zatsal souligne que, d’après ce Midrach, Noa’h et ses enfants n’ont été autorisés à sortir de la Téva, qu’en récompense de leurs actes de générosité envers les animaux. Autrement, ils y seraient restés toute leur vie, sans pouvoir en sortir à la lumière du jour.
De nombreux miracles ont accompagné l’épisode du déluge, le bateau a résisté, les pluies torrentielles n’ont pas endommagé sa coque ; l’arche n’était pas assez grande pour contenir tous les animaux du monde, et pourtant, explique le Ramban, tout un chacun a trouvé sa place ; les provisions de nourriture furent suffisantes. Cependant il n’y eu pas de miracle quant à la diffusion de cette nourriture ni quant à sa durée d’action. Noa’h devait apporter à chacun sa ration journalière, et être à la tâche nuit et jour. Il fallait donc, qu’il gagne, par ce mérite, sa sortie de l’arche. Le Midrach Tanhouma la compare à une sortie de prison, comme il est dit : « Fais moi sortir de la geôle » (Téhilim CXLII, 8).
La Tsédaka et le ‘Héssed exercent sur l’homme une action protectrice, comme il est écrit : « mais la vertu sauve de la mort » (Michlé XI, 4). A la question de ses élèves : comment se prémunir des souffrances qui précèderont la venue du Machia’h ? Rabbi Eléazar répondit que seul le ‘Hessed pourra nous en épargner (Sanhedrin 98b). Pour Noa’h, c’était de plus un passage obligé, car d’après le Zohar (17b), il lui était reproché de ne pas avoir suffisamment prié pour sa génération. Il lui a manqué le souci d’autrui et c’est pour cela qu’il eut à se soucier de tous ces animaux dans l’arche (Ohel Moché) ! Après quoi il méritera de sortir à la lumière du jour. Le verset ne dit pas que D… se souvint de lui pour sa piété, bien qu’il soit décrit comme « un homme juste, irréprochable … (qui) se conduisait selon D… » (Beréchit VI, 9), mais (ainsi que le précise le Midrach) pour le bien qu’il prodigua aux animaux.
Le Zohar Hakadoch ( 60b) nous dit que les hommes sont appelés les fils de Noa’h « Bné Noa’h » et non pas les enfants d’Adam parce qu’ Adam Harishon apporta la mort dans le monde, tandis que Noa’h a sauvegardé la vie. Par la suite les enfants d’Israël prirent le nom d’enfants d’Abraham parce que ce dernier, au ‘Héssed « matériel » qu’il accomplissait, en ouvrant sa maison aux quatre points cardinaux, rajouta de la « spiritualité » à sa générosité. C’est le premier qui proclamera la Royauté divine et montrera au monde que l’Eternel est Un, qu’Il désire la bonté et la charité, que l’on s’attache à Lui en lui ressemblant, accomplissant le ‘Héssed à Son image !
Chabbat Chalom Oumévorakh