Sorti de l’Arche, une fois le déluge résorbé, « Noa’h érigea un autel à l’Eternel ; il prit de toutes les bêtes pures, de tous les oiseaux purs, et les offrit en holocauste sur l’autel. » Aussitôt, « l’Eternel sentit l’agréable odeur, et Il dit en lui-même : Désormais, Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme (…) désormais, Je ne frapperai plus tous les vivants, comme Je l’ai fait. » (Beréchit VIII, 20-21)
C’est que ses contemporains se conduisaient mal, seul « Noa’h fut un homme juste, parfait dans ses générations » (Id. VI, 9). Sa Tsidkout, cependant, ne fut pas suffisante pour sauver le monde. Sorti de la Téva, il offre des sacrifices, grâce auxquels le monde sera sauvé d’une nouvelle catastrophe. Comment comprendre la signification de ces sacrifices ?
Noa’h a construit la Téva pendant cent vingt ans. Il a essayé d’avertir et de ramener sa génération à la Téchouva, sans succès. Il lui a fallu lutter contre les moqueurs, et faire face aux menaces. Cependant, le Zohar (page 67) dit que le déluge est appelé « les eaux de Noa’h », parce qu’il n’a pas prié afin que le monde soit épargné.
Le rav Miller, zatsal, de Gateshead rapporte le MiBeth Abraham, qui explique que Noa’h cherchait un mérite à sa génération, mais n’en trouvait pas. En tant que Tsadik, cherchant le Tsédék (la justice), ne voyant pas d’argument suffisant pour épargner ses contemporains, il ne pouvait prier pour eux. C’est justement ce que le Zohar lui reproche : il aurait dû agir par pur ‘Hessed, comme Abraham qui « donnait » sans calculer. Abraham ira même à la recherche d’invités, pour leur offrir à se restaurer, du meilleur de ce dont il dispose, qui ira aussi prier avec insistance en faveur des habitants de Sodome, pourtant réputés cruels et impies.
Le rav Moché Cordovéro zatsal (Tomer Dévora fin ch 1) explique dans la mida de « Mimé Kédem » (depuis les jours anciens). L’Eternel remonte « aux jours premiers », ceux d’avant la faute, voire même jusqu’au jour de sa naissance, pour trouver des vertus à un homme. De telle sorte que tout pécheur aura un mérite salvateur sinon celui d’avoir été créé à l’image de D… C’est le ‘Hessed d’Hachem, dans cette mida de « Mimé Kédem », d’agir ainsi.
Noa’h a travaillé dans l’arche pendant plus d’un an, jour et nuit, pour subvenir aux besoins de tous les animaux. Il fit preuve d’une générosité exceptionnelle et c’est un autre Noa’h qui sort de la Téva. Ce n’est plus l’homme de justice mais un homme transformé, empreint d’une grande générosité, et si la justice connaît des limites, le ‘Hessed, lui, les dépasse toutes.
Son premier geste, sortant de l’arche, sera d’offrir à D… un sacrifice de remerciement. Mais comment remercier D…, en Lui offrant ce qui est, somme toute, à Lui ? C’est que l’Eternel ne regarde pas que l’offrande, mais aussi et surtout le cœur et l’intention de celui qui l’a offerte. Et c’est à ce moment, après en avoir « senti l’agréable odeur », que D… décide de ne plus frapper tous les vivants comme Il l’a fait. L’offrande de Noa’h aura réveillé la miséricorde du Créateur et l’a décidé de ne plus sévir de la même manière : « Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme. »
Chabbat Chalom Oumévorakh