Notre Paracha traite de certaines règles de pureté et d’impureté et particulièrement de la lèpre (laquelle était tout autre que la maladie d’aujourd’hui, due au bacille de Hansen). Cette lèpre pouvait tout aussi se trouver sur l’homme, sur ses vêtements ou sur les murs de sa maison.
Chez l’homme, le mal pouvait même toucher la tête selon des critères définis, décrits dans la Torah. « C’est un individu lépreux, il est impur : le Cohen doit le déclarer impur, sa tête est le siège de la plaie » (Vayikra XIII, 44). La fin de ce verset est surprenante, car elle est une répétition, les versets précédents nous parlaient déjà, tous, de la lèpre à cet endroit.
Le Nétsiv répond que bien que la lèpre de la tête survenait aussi à cause d’une faute, elle était toutefois différente de la lèpre sur le corps, cette dernière provenant des transgressions provoquées par les tentations du corps, des aspirations matérielles. Celle de la tête était révélatrice, elle, du spirituel, de modes de pensée contraires à la Torah, et c’est ce que vient nous enseigner la précision : « sa tête est le siège de la plaie ». C’est-à-dire qu’il ne s’agit pas de quelqu’un qui aurait fauté, entrainé par ses pulsions ou ses passions, mais d’un homme dont la conception du monde est déviante. Il faudra donc se méfier et s’écarter de cette personne, bien plus que de la première.
La Torah nous dit : « C’est un individu lépreux, il est impur : le Cohen doit le déclarer impur », cette insistance est lourde de sens. En général les gens se détournaient des lépreux, déjà du fait de leur impureté. Le Cohen aurait pu croire, lui, que du fait de son statut particulier, il pourrait se rapprocher de ce lépreux pour essayer de le ramener dans le bon chemin. La Torah vient ici clairement dire que cet homme est dangereux et qu’il faut s’en éloigner. On ne peut pas discuter avec celui qui a des idées erronées et des arguments spécieux ; la guémara (Sanhedrin 38b) nous met d’ailleurs en garde : « Sache quoi répondre à l’apikoross » (Avot ch2, 14). Il s’agit du non juif. Quant au juif renégat, convaincu et irritable, enfermé dans ses raisonnements, l’engager dans une discussion risque fort de l’enfoncer davantage.
Le lépreux « demeurera isolé, sa résidence sera hors du camp » (Id. XIII, 46). Lors de sa purification, il devra apporter plusieurs sacrifices « Acham, ‘Hatat et Ola ». La Torah dit « … et fera expiation pour lui … alors le Cohen s’occupera du ‘Hatat et fera expier (de) son impureté, à celui qui se purifie » (XIV, 18-19). Le Ramban explique pourquoi deux sacrifices pour expier ses fautes : le premier pour la faute qui lui a valu la lèpre, le deuxième pour une autre faute qui serait survenue pendant sa période d’isolation ; confiné, seul en dehors du camp, il pourrait vouloir imputer une injustice à D…
La lèpre était un mal sans remède, contagieux, particulièrement difficile à vivre. Personne ne voulait être aux cotés de celui qui en était atteint. De ce fait il devait se tenir à distance des autres, mais aussi et surtout la Torah lui ordonne de rester seul. D’après certains commentateurs, la compagnie d’autres lépreux lui était également interdite. Dans ces moments difficiles le lépreux risque de se révolter ; convaincu de ne pas mériter un tel châtiment, il en viendrait à se rebeller contre l’Eternel ! C’est pourquoi il apportera plusieurs sacrifices.
Dans chaque situation de la vie aussi difficile soit-elle, l’homme doit toujours être reconnaissant à D… pour tout le bien qu’Il lui donne, y compris dans son épreuve. C’est ce que le Méssilat Yécharim nous enseigne (Ch 1) : « l’homme est venu dans ce monde pour accomplir les mitsvot et pour surmonter les épreuves ». Les épreuves sont les moments difficiles que toute personne traverse tout au long de sa vie, il importe qu’elle sache voir l’aide et la protection divine qui les accompagne.
Chabbat Chalom Oumévorakh