Dans les parachiyot de cette semaine, la Torah nous décrit les maladies lépreuses, provoquées généralement par la médisance, contre laquelle le verset nous met en garde : « Quel est l’homme qui souhaite la vie, qui aime de longs jours, pour goûter le bonheur ? Préserve ta langue du mal et tes lèvres des discours perfides ; éloigne-toi du mal et fais le bien … », Téhilim (XXXIV, 13-15).
« Éloigne-toi du mal » (Sour Mérà), de tous les interdits mentionnés dans la Torah. « Fais le bien » (Assé Tov) nous invite à accomplir les commandements « positifs » qui nous sont prescrits. Mais, préserve ta langue du mal, n’est-ce pas déjà inclus dans Sour Mérà, dans l’éloignement du mal ? Pourquoi donc cette répétition ?
Le Rav Eliyahou Lopian zatsal, rapporte la michna des Pirké Avot (ch. 4, michna 2) qui dit au nom de Ben Azaï : « Empresse-toi de courir pour accomplir une mitsva mineure (en apparence) comme pour celle, plus importante, et éloigne-toi de « la » transgression, (Ha-àvéra) avec un Hé (=la) dénominatif. » Mais de quelle faute particulière nous parle ici Ben Azaï ?
Le rav Lopian répond que d’après la Kabbala, l’homme doit parfois revenir en Guilgoul (être réincarné) pour accomplir ce qu’il a manqué, dans ce monde, ou pour réparer ses fautes antérieures. Cependant ces possibilités ne lui sont offertes que pendant ses trois premières vies, pas aux suivantes. C’est ce que dit le verset: « Ainsi parle l’Eternel, sur trois fautes du peuple d’Israël, mais à la quatrième Je ne le ramènerai pas … », (Amos II, 6). C’est aussi ce qu’annonce D… à Daniel : « Et toi, marche vers la fin ; tu entreras dans le repos, puis tu te relèveras pour recevoir ton lot à la fin des jours », (Daniel XII, 13). Comme tu as terminé ta mission, tu peux « entrer dans le repos », alors que d’autres âmes doivent très souvent revenir dans plusieurs vies avant de goûter au repos.
Comment savoir ce qu’il nous faut parfaire et surtout dans la quantième réincarnation nous trouvons-nous ? Le rav Lopian nous confie que D… donne à l’homme par allusion de précieuses indications. Une attirance particulière pour une certaine faute, signale qu’il est sur terre, pour la réparer. C’est ce que Ben Azaï vient nous enseigner : « Éloigne-toi de la Avera », de cette transgression pour laquelle tu ressens une attraction particulière, car c’est à cause d’elle que tu es revenu dans ce monde !
On comprendra dès lors le « Sour Méra » de notre verset des Téhilim. « Eloigne-toi du mal », est une indication personnelle, particulière à chacun, en fonction de son inclination, à la faute pour laquelle il est de retour sur terre. Le début du verset : « Préserve ta langue du mal », lui, concerne tout un chacun. Car comme disent nos Sages (Babba Batra 165a) : « De trois fautes l’homme n’est pas épargné … du Vol pour la grande majorité, des Arayot (unions interdites) chez une minorité, mais le (avak) Lachon Hara, la Médisance se trouve chez tout le monde. » Aussi c’est de cette faute, la médisance, que nous avertit le verset en premier afin de parfaire, par la suite, ce qu’il nous faut réparer.
Chabbat Chalom Oumévorakh