Au début de notre Paracha, l’Eternel s’adresse à Moché et lui dit : « Parle aux enfants d’Israël qu’ils prennent pour Moi un prélèvement de tout homme que portera son coeur » (Chémot XXVIII, 2) – dans le but de construire le tabernacle. Le Baal Hatourim explique que le mot « Daber » (parle) aux enfants d’Israël, signifie les prendre avec douceur et les inviter par des mots conciliants à préparer et à apporter une offrande, expression qu’on retrouve dans le verset de Yéchaya (XL, 2) : « Parlez au coeur de Jerusalem ». C’est parce qu’il y a là dépense d’argent, (’hissaron kiss) qu’il faut trouver les mots adéquats pour inciter à donner.
Pourtant les enfants d’Israël ont vu en Egypte tous les miracles de D… se réaliser, les dix plaies, la traversée de la mer rouge et la promesse qu’ils sortiraient avec de grandes richesses. Chacun d’entre eux avaient quatre-vingt ânes, au moins, portant les trésors d’or et d’argent pris à l’Egypte. Ils étaient tous très riches sans avoir aucune dépense à supporter, pas même celles de la nourriture, puisqu’ils étaient nourris par la manne. Etait-ce donc une si grande épreuve que d’avoir à donner un peu d’argent pour la construction du Michkan au point qu’il fallait à Moché trouver le moyen de les persuader?
Plus encore, le Michkan étant l’endroit futur de la Résidence divine c’était pour les enfants d’Israël la source de toute bénédiction et réussite. Par la faute du veau d’or les enfants d’Israël s’étaient éloignés de la Chekhina et le tabernacle en serait la réparation et marquerait le retour de la Présence divine parmi eux. N’était-ce pas suffisant pour qu’ils apportent d’eux-mêmes les fonds nécessaires à sa construction?
Le Sabba de Kélém renforce la question en rappelant qu’un homme, ayant reçu de son prochain profusion d’or et d’argent, s’empresserait, avec joie d’offrir en remerciement un modeste cadeau à son bienfaiteur. Il en serait à plus forte raison envers son Créateur, car comme le dit le roi David : « certes tout vient de Toi et c’est de Ta main que nous tenons ce que nous t’avons donné » ( Divré Hayamim XXIX,14 ).
La Torah nous enseigne ici la puissance du mauvais penchant, et combien il aveugle tout homme lui faisant croire que « c’est ma propre force, c’est le pouvoir de mon bras qui m’a valu cette richesse » (Dévarim VIII, 17).
Le Rav Yéhezkel Lévinchtein zatsal de Ponievich, précise que c’est particulièrement vis-à-vis de l’argent que l’homme oublie la Source de sa réussite au point qu’il faille le convaincre et l’inviter par de douces paroles à porter sa contribution.
Au début de la Paracha Tsav nous retrouvons cette même idée : « Ordonne à Aaron et à ses fils ce qui suit…» (Vayikra 6,2). Rachi explique que le mot Tsav (ordonne) implique toujours une obligation de zèle comme Rabbi Chimon l’a enseigné et le texte incite à d’autant plus de zèle qu’il y a la notion de sortie d’argent (’Hissaron kiss). Cette « perte » d’argent est dans le commandement imposé à Aaron d’amener une mesure de farine pour l’offrande quotidienne, et à ses fils, les Cohanims, une offrande le jour de leur intronisation, offrandes qui seront entièrement brûlées.
Quel honneur pour l’homme à qui l’Eternel adresse une demande afin qu’il trouve grâce à Ses yeux! Faut-il encore l’inviter à agir avec empressement ? Nous voyons ici que même un grand homme comme Aaron, le grand prêtre, a besoin d’être renforcé face à l’obligation de payer de son argent une offrande qu’il ne mangera pas. C’est que le mauvais penchant de l’homme lui fait oublier que : « certes tout vient de Toi et c’est de Ta main que nous tenons ce que nous t’avons donné ».
SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH