Pour construire le Michkan (le tabernacle), l’Eternel s’adressa à Moché en disant : « Parle aux enfants d’Israël, qu’ils prennent pour moi un prélèvement, de tout homme que portera son cœur, vous recevrez mon offrande » (Chémot XXV, 2). Rachi écrit : « Pour moi ; à Mon intention. » Accomplissez cette Mitsva pour l’Eternel, dans cette seule et unique intention.
Bien qu’il faille réaliser chaque commandement dans cette « kavana », celle de vouloir accomplir la volonté de l’Eternel, (Roch Hachana 28), la Torah ne le précise pas, pour autant, dans chaque mitsva. Pourquoi cette particularité est-elle ici soulignée ?
C’est qu’elle est une condition sine qua non pour que le Michkan soit érigé, et que la Chékhina puisse y résider. Alors que dans toutes les autres mitsvot cette intention n’est importante qu’au moment de leur accomplissement, ici, dès le départ, même l’argent qui servira à la construction doit être donné « Lichma », de manière désintéressée.
Le rav Avigdor Néventsal chlita, explique que, plus le but de la mitsva est saint et important, plus nous devons être attentifs à nos intentions, en premier lieu, afin d’accomplir la mitsva dans la pensée la plus pure et la plus parfaite.
Lorsque rabbi ‘Hiya et rabbi ‘Hanina se « disputaient » (Kétouvot 103b), rabbi ‘Hanina disait qu’il serait, lui, capable au cas où la Torah venait à être oubliée, de la restaurer par ses seuls arguments. Rabbi ‘Hiya lui répondait : « Moi je fais mieux, parce que je fais en sorte que la Torah ne soit pas oubliée : Je sème du lin, je le récolte, je le file et je fabrique des filets pour capturer des cerfs. De leur chair je nourris les pauvres, de leur peau je fais des parchemins, sur lesquels je vais ensuite écrire la Torah, que j’apporte dans des villes où il n’y a pas d’enseignants pour les enfants, et je leur apprends la Torah. »
Rabbi ’Hiya, ne pouvait-il pas acheter directement les parchemins ? Le temps gagné lui aurait permis d’enseigner davantage ! Pour que la Torah soit étudiée et ne soit pas oubliée, il fallait que tout soit fait, dès l’origine, pour la gloire du Ciel, sans la moindre arrière-pensée.
Pourquoi Elicha Ben Abouya (A’her) s’est-il détourné de la Torah, alors qu’il était un grand érudit ? Le Talmud Yérouchalmi nous raconte (Haguiga Ch2 Hal 1), qu’à sa circoncision, son père Abouya, avait invité les sages de la ville, lesquels s’étaient retirés dans un coin de la maison pour étudier. Un feu descendu du ciel vint les entourer. Son père, inquiet, demanda aux ‘Hakhamim s’ils étaient venus brûler sa maison ? Lorsqu’il apprit qu’il s’agissait d’un feu protecteur, et l’honneur fait à la Torah, il promit de consacrer son fils Elicha à son Etude. Il y avait là une pointe d’intérêt personnel, du « Chélo Lichma », et parce qu’au départ l’intention de cette étude n’était pas au niveau le plus haut de pureté, Elicha ben Abouya finit par tout renier. Comme dit le verset (Kohelet VII, 8) : « La fin d’une entreprise sera bonne selon son début. »
Le rav Haïm Chmoulévitch zatsal, écrit qu’il n’a pas été donné à David Hamélékh de construire le Temple, de peur que les enfants d’Israël n’aient en même temps la pensée (kavana étrangère) que le Temple les protégerait et qu’ils seraient enfin débarrassés de toutes ces guerres. Pourtant son désir, à lui, était pur. « Si je permets le sommeil à mes yeux, à mes paupières le repos. Avant que je n’aie trouvé un lieu pour l’Eternel, une résidence pour le Fort de Yaacov ! » (Téhilim CXXXII, 4-5).
Mais l’Eternel le rassura (Divré Hayamim I, XXII, 8) : « Ce n’est pas à toi d’élever une maison en mon honneur, car tu as fait couler beaucoup de sang devant Moi sur la terre. » Nos sages (Midrach Psikta) expliquent que D… lui dit ainsi : « Tout le sang que tu as versé est pour Moi comme des sacrifices. » Car toutes les guerres de David étaient dans le but « que toute la terre sache qu’il y a un D… pour Israël » (Chmouel I, XVII, 46).
Chabbat Chalom Oumévorakh