Au début de notre paracha, la Torah nous dit que : « Yits’hak implora l’Éternel au sujet de sa femme parce qu’elle était stérile ; l’Éternel accueillit sa prière et Rivka, sa femme, devint enceinte. » (Beréchit XXV, 19).
Rachi explique : « Yits‘hak implora, longuement,il a multiplié sa prière avec insistance. L’Eternel accueillit sa prière, Il s’est laissé gagner par elle et lui a accordé sa requête. La racine âyin tav reich du mot Vayéâter exprime toujours l’insistance et la répétition du même acte. »
Un homme rencontra un jour le Rav Haïm Zonnefeld, zatsal, rav de la ville de Jérusalem, et lui demanda : « Pourquoi tant d’insistance, l’Eternel n’avait-il pas promis à Abraham que Yits’hak aurait une descendance, comme il est écrit c’est la postérité de Yits’hak qui portera ton nom (XXI, 12) ? » Cet homme proposa lui-même au Rav la réponse suivante : « Nos sages enseignent que la vie d’Abraham fut raccourcie de cinq ans, pour ne pas qu’il ait à voir son petit-fils Essav quitter le bon chemin, dès l’âge de treize ans. »
Il s’avère donc que la naissance prématurée de Yaacov et de Essav, entraina la mort avancée d’Abraham. Et aussitôt, le rav Zonnefeld de rajouter que Vayéâter lo Hachem (l’Éternel accueillit sa prière) a la même valeur numérique que Haméch Chanim (cinq années). Pour « la petite histoire » lorsqu’on rapporta cet échange à Rabbi Aharon Kotler, zatsal, il déclara que c’est par Rouah hakodech que cette guématria fut dite !
Le rav Chimchon Pinkous, zatsal, écrit que Yits’hak avait comme Midda, sa principale caractéristique, la Guévoura, la rigueur, et par suite une conduite d’annulation de soi devant l’Eternel, le Maître du monde. En toute circonstance le comportement de Yits’hak est de ne pas intervenir dans les décisions de l’Eternel. S’il voulait bénir Essav c’est justement parce que D… l’avait fait naître en premier. Et quand il apprend que Yaakov a supplanté son frère, il dira : « Eh bien, il restera béni ! » Car si l’Eternel lui a permis de prendre les bénédictions, c’est qu’elles lui reviennent, et que D… l’a voulu ainsi.
Il faut donc déduire que Yits’hak ne priait pas, il ne demandait pas à Hachem telle ou telle chose. Ce que D… aura décidé de lui donner, D… le ferait même sans aucune demande de sa part. La prière n’a pas sa place dans la midda de Yits’hak. Pourtant, « Yits’hak était sorti dans les champs pour parler (lassoua’h), à l’approche du soir. » (XXIV, 63). Et nos sages (Berakhot 26b) apprennent de ce verset que Yits’hak institua la prière de Min’ha. Alors, priait-il ou ne priait-il pas ?
Le Midrach (rabba Vaéthanan) nous rapporte que dix langages de prière sont mentionnés dans les versets du Tanakh ; Téfila, Téhina, Péguia, Tséaka, Choua etc. ; mais celui-ci lassoua’h (Si’ha) n’y figure pas. C’est, nous explique le rav Pinkous parce qu’Yits’hak parlait (lassoua’h) à D…, comme qui parle et raconte ses sentiments et ses besoins à Un proche. La seule fois qu’Yits’hak pria et insista c’était pour la naissance de ses enfants. De fait sa prière avancera la mort d’Abraham de cinq ans.
Le Sforno propose une autre réponse à la première question : « Certes, Abraham a reçu la promesse de D… que de Yits’hak sera sa descendance, mais avec quelle épouse ? La demande d’Yits’hak était justement que celle-ci vienne de son épouse vertueuse Rivka, et non pas qu’il soit obligé d’épouser une autre femme. »
Chabbat Chalom oumévorakh