« Un feu perpétuel sera entretenu sur l’autel, il ne s’éteindra pas » (Vayikra VI, 6). De ce verset nous apprenons qu’il fallait allumer le feu sur l’autel, chaque jour, matin et soir, en rajoutant du bois. Cependant par miracle le feu descendait toujours du ciel ; mais on se devait toutefois d’agir comme s’il n’y en avait pas (Yoma 21b).
Le Rav Aaron Halevi dans son Séfer Hakhinoukh (Mitsva 132) explique que la raison profonde de cette Mitsva est justement de cacher le miracle, et de faire en sorte qu’on ne perçoive pas, ce phénomène extraordinaire, du feu qui descend du ciel. Les grands miracles sont ainsi toujours dissimulés dans la nature des choses. Comment est décrite la traversée de la mer rouge ? : « … et l’Eternel refoula la mer toute la nuit, par un vent d’est impétueux, et il mit la mer à sec, et les eaux furent divisées » (Chémot XIV, 21), comme si le vent était, lui, l’origine de la division de la mer, agissant de façon naturelle sans aucun intervention miraculeuse.
Afin que l’homme puisse les découvrir par lui-même, par sa propre réflexion, D… masque Ses plus grands miracles dans les lois de la Nature, allant même jusqu’à abaisser Son honneur en dissimulant Son pouvoir et Sa force pour laisser à l’homme le mérite de Le découvrir. Car si les miracles n’étaient pas cachés, à l’évidence le libre arbitre n’existerait plus, et alors, quel mérite aurait l’homme s’il avait, comme les anges, la Vérité dévoilée devant les yeux ?
De par son âme, l’homme est « une partie de D… de là-haut » (Iyob XXXI, 2) et mérite un statut particulier. Le foetus dans le ventre de sa mère « mange et boit » ce qu’elle absorbe (Nidda 30b). Un Ange lui enseigne toute la Torah ; et il « voit » le monde d’un bout à l’autre. Période extraordinaire, octroyée gratuitement, vue l’essence de son âme. Tout lui est offert, à portée de main, tant sur le plan matériel que spirituel, cependant à la naissance un ange vient le frapper à la lèvre supérieure, qui lui fera tout oublier. Une fois arrivé dans ce monde, c’est par ses efforts et son labeur, que l’homme pourra retrouver une partie de ce savoir. Nos sages nous précisent : « si quelqu’un te dit je n’ai pas peiné et j’ai trouvé, ne le crois pas (Méguila 6b) car il n’y a pas de réussite sans peine», et si par extraordinaire cela était, sache que « ce que l’homme trouve sans effort ne lui appartient pas ! »
Le Rav Eliahou Lopian zatsal rappelle qu’au sujet des astres il est dit, à leur création : « ils serviront de signes… et ils serviront de luminaires dans l’espace céleste pour éclairer la terre » (Bérechit I, 14-15). De signes… parce que leur éclipse est mauvais signe pour le monde (voir Rachi) ; de luminaires… parce qu’en plus ils éclairent le monde ; mais l’intention initiale de la création des astres est de réveiller l’homme qui a fauté et seulement, par suite, d’illuminer le monde.
L’homme se doit de rechercher et de découvrir l’intervention de son Créateur par ses propres moyens. Si les miracles ne sont pas apparents ils sont par contre permanents et quotidiens. Il nous faut toutefois agir comme s’ils n’existaient pas, mais par contre apprendre à regarder, et à percevoir l’intervention de la Providence divine qui nous guide en toutes circonstances et toujours pour notre bien.
SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH