« L’Eternel parla à Moché en ces termes : Va parle à Pharaon, roi d’Egypte, qu’il laisse partir de son pays les enfants d’Israël. Mais Moché s’exprima ainsi devant l’Eternel : Quoi ! Les enfants d’Israël ne m’ont pas écouté, et Pharaon m’écouterait, moi qui ai la parole embarrassée ! » (Chémot VI, 10-12).
Rachi nous précise que se « trouve ici l’un des dix raisonnements a fortiori, qui figurent (de façon explicite) dans la Torah, (Midrach Rabba) ». Effectivement, si déjà les enfants d’Israël ne l’ont pas écouté, on peut affirmer qu’à plus forte raison le Pharaon ne l’écoutera pas !
Cependant, les commentateurs font remarquer que le verset précédant, en donne la raison : « ils ne l’écoutèrent pas … à cause de la dure servitude » (Idem. VI, 9). Ce qui n’était pas le cas du Pharaon, Pharaon l’oppresseur ! Dès lors on ne comprend pas comment s’exerce ce Kal va’homer (cette règle d’à plus forte raison) puisque le Pharaon n’étant pas dans le même cas, il aurait très bien pu, lui, écouter les paroles de Moché !
La Mékhilta s’interroge : quand bien même étaient-ils oppressés, pourquoi les enfants d’Israël n’ont-ils pas écouté Moché ? Annoncer à un esclave qu’il va être libéré, passé un éventuel moment d’incrédulité, il sera pressé d’en savoir davantage ! Ce midrach répond que les enfants d’Israël avaient du mal à se détacher de l’idolâtrie. D’ailleurs le Targoum Yonathan ben Ouziel traduit« à cause de la dure servitude » par un dur service de dieux étrangers. L’Egypte était tellement enfoncée dans l’idolâtrie que les Bné Ysraël en étaient imprégnés, malgré eux, et constamment soumis à la tentation. Cette attraction ne peut pas être comprise de nos jours, les Sages de la Grande Assemblée étant intervenus pour réduire son influence.
Pourtant, au Chapitre IV, verset 31, il est dit : « le peuple y eut foi ; ils comprirent que l’Eternel s’était souvenu des enfants d’Israël, qu’Il avait considéré leur misère, et ils s’inclinèrent et se prosternèrent ». Malheureusement lorsque la Torah déclare ensuite : « ils ne l’écoutèrent pas », c’est parce qu’ils s’étaient encore un peu plus enfoncés dans l’idolâtrie.
La Mékhilta ajoute que c’est la raison profonde pour laquelle D… a endurci le cœur du Pharaon, au point de rendre, encore plus difficile, le labeur le travail des enfants d’Israël. Moché s’en est d’ailleurs étonné : « dans quel but m’as-tu envoyé, depuis que je suis allé chez Pharaon pour parler en Ton nom, il a fait du mal à ce peuple, et Tu n’as point sauvé Ton peuple ! (Chemot V, 22-23). Car l’intention de D… était justement de faire souffrir, encore plus, le peuple, afin qu’il puisse se détacher de ses idoles, et se tourner vers Lui.
C’est donc ainsi que l’on doit comprendre le raisonnement d’a fortiori ; si déjà les enfants d’Israël ne m’ont pas écouté parce qu’ils étaient tellement attachés et liés à l’idolâtrie et qu’ils manquaient de forces spirituelles suffisantes pour s’en éloigner, il est évident que Pharaon lui, qui est idolâtre dans l’âme, ne m’écoutera pas.
« Alors l’Eternel parla à Moché et à Aaron ; Il leur donna des ordres au sujet des enfants d’Israël » (Id. Vi, 13). Il leur a ordonné de les conduire avec douceur et de leur témoigner de la patience. Car Moché et Aaron se devaient d’avoir beaucoup de patience et de mansuétude, face au peuple accablé de souffrances, et encore attaché à ses idoles, au point d’être sourd à l’annonce de sa libération. Ils devaient les conduire aimablement afin de les ramener progressivement à la foi, et à l’espérance en D…
Chabbat Chalom Oumévorakh