« C’est Aharon et Moché, à qui l’Eternel dit : Faites sortir les enfants d’Israël du pays d’Egypte avec leurs troupes. Ce sont eux qui parlent à Pharaon, roi d’Egypte, pour faire sortir les enfants d’Israël d’Egypte, c’est Moché et Aharon. » (Chémot VI, 26-27).
Rachi rapporte que Aharon est parfois mentionné après Moché, et parfois avant ; pour nous dire qu’ils étaient d’égale valeur.
Le rav Haïm de Brisk, zatsal, fait remarquer que lorsque D… s’adresse à eux (verset 26), c’est Aharon qui est cité en premier, pour ne pas que nous soyons amenés à penser que Moché étant plus grand, Aharon passe après lui. A l’inverse (au verset 27) devant le Pharaon, comme c’est Aharon qui parle (et non Moché), ce qui laisserait croire qu’il est plus important, c’est Moché qui se trouve mentionné en premier pour bien nous faire comprendre qu’ils étaient égaux, de même grandeur.
0n peut cependant s’interroger, Moché, le maître de tous les prophètes, était assurément plus grand que son frère Aharon. Comment prétendre qu’ils étaient de même valeur ?
Le rav Moché Feinchtein, zatsal, dans son livre Darach Moché, répond que certes Moché était plus grand, mais comme Aharon donnait le maximum de lui-même, utilisant toutes ses capacités, pour faire la volonté de D…, ceci lui donnait un statut élevé, aussi grand que celui de Moché.
C’est ainsi qu’il convient de comprendre la Guémara (Baba Batra 10b) : « Rabbi Yéhochoua demanda à son fils, qui venait de reprendre conscience, après une perte de connaissance, ce qu’il avait vu au Ciel. Il lui répondit : j’ai vu un monde à l’envers, les grands sont en bas et les humbles sont en haut. C’est le monde vrai que tu as vu, lui dit son père. » C’est évident que le monde d’en haut est le monde de la Vérité, pourquoi donc l’a-t-il appelé un monde à l’envers ?
Le Rav Feinchtein explique, qu’il vit là-haut des personnages élevés de ce monde, qu’on appelait « grands », mais qui se trouvaient « en bas », et c’est ce qui l’intriguait. Son père lui dit alors que c’est le monde clair qu’il a vu, car les petits de ce monde-ci qui auraient donné le maximum de leur capacité, se retrouveront en haut dans le monde futur, contrairement aux grands de ce monde, qui se seraient suffi de peu, certes grands en haut aussi, mais placés « en bas » parce qu’ils auraient pu mieux faire.
Le Saba de Kélem expliquait ce verset : « Le pauvre parle en suppliant, le riche répond avec dureté » de Michlé (XVIII, 23), en soulignant que le pauvre aussi y est réprimandé. Le statut de pauvre ne suppose pas qu’il se doit d’être humble et effacé. Là où il se trouve, selon ses capacités, l’homme se doit de donner, au maximum de ses possibilités, le meilleur de lui-même au service de l’Eternel, car ceux d’en bas, dans ce monde-ici peuvent très bien se trouver en haut dans le monde futur.
Chabbat Chalom Oumévorakh