« Moché désigna alors trois villes en deçà du Jourdain, au soleil levant, pour servir de refuge au meurtrier qui aurait tué sans préméditation son prochain … » (Dévraim IV, 41-42). Alors, c’est-à-dire à ce moment là.
Rachi explique : « Il s’est appliqué à penser à les séparer bien que ces villes n’aient acquis cette qualité qu’après la désignation de celles d’Eretz Israël. Moché s’est dit : Toute Mitsva que j’ai la possibilité d’accomplir, je l’accomplirai. »
C’est donc juste après avoir fait ses remontrances (dans Dévarim) et au début de notre paracha que vint à l’esprit de Moché l’opportunité d’accomplir cette Mitsva. Nos sages (Makot 10a) rapportent aussi au nom de rabbi Simaï que le verset « celui qui aime l’argent ne sera pas rassasié d’argent » (Kohélét V, 9) se rapporte à Moché rabbénou lequel s’empressa d’accomplir cette « mitsva des villes de refuge ».
Aussi, deux versets plus loin, la Torah nous dit : « Voici la loi que Moché présenta aux enfants d’Israël » (verset 44). On peut s’interroger sur ce lien de juxtaposition entre ce verset et les versets 41-42.
Le rav Moché Feinchtein, zatsal, répond que dans le livre de Dévarim, Moché vient sceller une alliance entre l’Eternel et les enfants d’Israël dans les plaines de Moav, après celle déjà scellée au mont Horev, comme il est dit plus loin (Dévarim XXIII, 69) : « Ce sont là les termes du pacte que l’Eternel ordonna à Moché d’établir avec les enfants d’Israël dans le pays de Moav, indépendamment du pacte qu’il avait conclu avec eux à Horev. » Mais pourquoi fallait-il deux alliances ?
Le rav répond que le service Divin doit se faire avec amour « Béahava » et avec crainte « Béyirea ». Car même si le degré le plus élevé est l’amour, nous devons lui associer aussi la crainte, laquelle nous retient de la faute, car on ne peut se suffire du A’ssé tov (faire le bien), sans le Tsour Mérâ (s’éloigner du mal). La première alliance est celle de la crainte, la Yirea, car dans l’accomplissement des Mitsvot, « la crainte de l’Eternel est le début de la sagesse » (Téhilim CXI, 10), et c’est pourquoi au mont Sinaï (Horev), l’Eternel renversa la montagne sur le peuple le forçant à accepter la Torah (Avoda Zara 2b).
La deuxième alliance c’est celle de l’amour, afin que les mitsvot soient accomplies avec plaisir et non pas comme un fardeau, un joug contraignant, dont on cherche à se défaire.
Lorsque Moché voulut sceller l’alliance de l’amour, c’est justement à ce moment que lui vint l’idée de leur montrer une application. Il prépara les villes de refuge, qu’il plaça devant eux, bien qu’elles ne seront effectives que beaucoup plus tard. Il démontre ainsi son attachement et son amour des mitsvot. Il aurait pu trouver prétexte pour ne pas le faire de suite. Bien au contraire il s’empresse de l’accomplir : illustration du verset « qui aime l’argent (les mitsvot) n’en est pas rassasié ».
C’est pourquoi le texte poursuit par « Voici la loi que Moché présenta aux enfants d’Israël », littéralement que « Moché plaça devant les enfants d’Israël », en démonstration de la manière d’accomplir toutes les mitsvot de la Torah. Le verset ne dit pas qu’il ordonna ni qu’il enseigna, mais qu’il leur montra simplement, par l’exemple, et c’est le meilleur des enseignements.
Chabbat Chalom Oumévorakh