PARACHAT VAYE’HI

Désireux de bénir ses douze fils, avant de mourir, « Yaakov (les) fit venir … et il dit : rassemblez-vous, je veux vous révéler ce qui vous arrivera dans la suite des jours » (Beréchit XLIX, 1). Il s’adressera ensuite à chacun d’entre eux, en le citant. A Yissakhar, Yaakov dira : « Yissakhar est un âne musculeux qui se couche entre les collines. Il a gouté le charme du repos et les délices du pâturage ; et il a livré son épaule au joug … » (Id., 14-15).

        Yissakhar est celui qui se consacrera à l’étude de la Torah. Sachant que l’Etude nécessite du calme et de la sérénité, dans « le charme du repos et les délices du pâturage », pourquoi donc D… nous a-t-il donné la Torah dans le désert aride, là où « oui, Il t’a fait souffrir et endurer la faim » (Dévarim VIII, 3) ? N’aurait il pas été plus approprié, de nous la donner, en terre d’Israël, après nous avoir tranquillement installés, « chacun sous sa vigne et sous son figuier » (Mélakhim 1, V, 5) ?

        Le Rav Yérou’ham zatsal, de Mir, répond que le repos  « nécessaire » à l’étude de la Torah n’est pas celui que l’on pourrait  croire, à savoir le repos du corps, et la satisfaction à profusion de tous ses besoins. Si l’homme s’est habitué à ne manquer de rien, le moindre changement, la moindre privation le perturbera, et lui fera perdre toute sa sérénité.  Bien au contraire, comme nous l’apprenons  du désert, il lui faut se rapprocher des conditions, dénuées de confort, dans lesquelles nous avons reçu la Torah.

Comment y arriver ? L’homme doit d’abord réfléchir à ce que le Créateur attend de lui, à la raison de son existence sur  cette terre, et par suite se fixer un but bien précis, compte tenu des facultés dont il dispose. Parce qu’un bon soldat doit se préparer au combat, et apprendre à réagir calmement, avec sang froid, en toute circonstance. Son entrainement ne consiste pas à lui donner à manger, à boire et à se reposer dans l’oisiveté et dans l’insouciance, car une fois la guerre arrivée, il n’aurait aucune capacité au combat. Mieux vaut, plus sûrement, opter pour la restriction de ses besoins corporels dans la sobriété, et le renoncement au confort matériel. Il apprendra alors à garder sa quiétude dans les épreuves, et sera prêt pour recevoir la Torah.

 C’est l’explication du verset à propos de Yissakhar qui « a gouté le charme du repos », c’est à dire de la tranquillité d’esprit ; « et les délices du pâturage », il aura comparé les plaisirs des deux mondes, celui d’en bas à celui dans haut ; et finalement, « il a livré son épaule au joug », au joug de la Torah, au joug de la royauté céleste. Comme la michna (Avot VI, 4) nous l’enseigne: « du pain et du sel tu mangeras, et de l’eau avec mesure tu boiras, et sur le sol tu te coucheras, et la Torah tu pourras étudier ».

C’est aussi ce que nous explique le Sabba de Kélém à propos de la sortie d’Egypte : « Et le peuple emporta sa pâte non encore levée, leurs sébiles sur l’épaule » (Chémot XII, 34). « Ils firent de la pâte (…) des gâteaux azymes car elle n’avait pas fermenté, parce que repoussés de l’Egypte, ils n’avaient pu attendre et ne s’étaient pas munis d’autres provisions » (Id. XII, 39) ; pourtant « c’était la Nuit prédestinée par l’Eternel pour leur sortie du pays d’Egypte » (Id.42), les enfants d’Israël savaient donc parfaitement qu’ils quitteraient l’Egypte au lever du matin. Pourquoi alors n’ont ils pas préparé à l’avance leur sortie ? C’est que justement, répond le Sabba de Kélém, l’Eternel leur ordonna d’agir ainsi, afin que commence, déjà, leur préparation au don de la Torah. C’était leur première épreuve, afin de tester leur aptitude à garder leur calme, même dans ce moment de précipitation.

Chabbat Chalom Oumévorakh