Le chabbat de cette semaine est appelé Chabbat-chouva parce que la Haftara commence par « Chouva », « reviens », Israël à l’Eternel ton D… car tu n’es tombé que par ton péché » (Hochéa XIV, 2).
La Guémara (Taanit 21a) nous raconte qu’un jour les enfants d’Israël voulurent adresser un présent au César. Ils choisirent le Tsadik Na’houm ich gamzou, qui était coutumier des miracles. Ils lui confièrent un coffre plein de pierres précieuses et de perles rares. En chemin, il s’arrêta dans une auberge. Mais, dans la nuit, les hôteliers lui dérobèrent le contenu du coffre, qu’ils remplirent ensuite de terre. Lorsque Na’houm se présenta chez le César, il lui offrit son présent au nom de tous les enfants d’Israël. Ne trouvant que de la terre l’Empereur se mit en colère et jeta Na’houm en prison. En réaction il murmura : « ceci aussi est pour le bien ! gam zou létova,».
Eliyahou Hanavi prit l’apparence d’un des leurs pour intervenir et dire à César « peut-être que cette terre est celle de leur ancêtre Abraham, qui lorsqu’on la jette vers le ciel, se transforme en épées et flèches, (comme lorsqu’Abraham s’attaqua aux quatre rois, pour libérer son neveu Loth). Il était une ville que César n’arrivait pas à conquérir. Ils en firent l’expérience et le miracle se produit, la ville fut conquise. César ordonna alors de remplir le coffre d’or, d’argent et de pierres précieuses, qu’il remit à Na’houm, avec tous les honneurs. A la grande surprise des voleurs qui le virent revenir à leur auberge. Na’houm leur ayant raconté ce qui était arrivé, ils décidèrent de détruire leur maison et de se rendre chez César, avec à leur tour, une grande quantité de terre, précisant que la terre de Na’houm venait de chez eux. Mais le miracle ne se produisit pas pour eux et ils furent condamnés et exécutés par l’Empereur.
Le rav Yé’hézkel Lando zatsal (le Nodà Biyouda) nous dit que cette histoire peut nous enseigner, par ses allusions, le chemin d’une bonne Téchouva, essentielle, pendant cette période qui nous mène au Jour de Kippour.
Na’houm, ce peut être la Néchama du juif, qui suit un long trajet dans ce monde, pour réussir et ramener, en présent, à Hakadoch Baroukh Hou (l’Empereur César), un coffre plein de bonnes actions. Mais de passage à l’auberge (ce monde ci), il rencontre un hôtelier malveillant, le Yétser Harah, qui se propose de l’héberger, mais pour le déposséder.
Ce mauvais penchant, envieux, avide, n’hésite pas à pousser l’homme à la transgression. S’il ne peut l’amener à contrevenir, il lui conseillera, tout au moins, de ne pas trop faire de Mitsvot. Et si malgré tout, celui-ci accomplit de bonnes actions, le mauvais penchant lui suggérera de s’en vanter, afin de lui en faire perdre les bénéfices dans la recherche des honneurs. C’est ainsi que la terre et le sable viennent remplacer les pierres précieuses.
Au terme de son année, cet homme arrive, le jour de Roch Hachana, devant l’Eternel, qui ne trouve dans son coffre que de la terre, car les belles mitsvot ont perdu toute valeur. Mais il lui reste une dernière chance : la Téchouva. La Téchouva salvatrice qui peut même transformer les fautes en Mitsvot ! Gam zou Létova, ceci est pour le bien ! La Téchouva peut tout transformer en Bien.
Comment y arriver ? Eliyahou Hanavi intervient qui nous montre le chemin, celui de la soumission à D…, celui de la modestie, à l’exemple d’Abraham qui a dit : « moi qui suit poussière et cendre ! » (Béréchit XVIII, 27). Cette terre de poussière et de cendre pourra, elle, permettre la reconstruction de cette belle ville de Jérusalem, dans laquelle l’Eternel reviendra résider. Quand la Téchouva est vraiment sincère, l’Eternel ordonne de remplir le coffre de cet homme pour une nouvelle année, pleine de vie, de joie, de richesse et de bonheur pour que cette âme puisse continuer à sanctifier le Nom de D…
De retour à Souccot, le loulav à la main, le mauvais penchant sera surpris de le revoir. Il va alors lui proposer de retourner vivre sa vie, librement, quitte à refaire Téchouva, à cette période, au bon moment, et d’année en année. Mais la charrette remplie de beaucoup de terre n’aura pas le même effet. A celui qui dit « je faute et Yom Kippour me pardonnera », Yom Kippour ne pardonnera pas.
Que l’Eternel nous accorde à tous une bonne et heureuse année pleine de Torah et de mitsvot, avec de quoi bien remplir notre coffre en présents. Amen !