Parachat VAYERA
Les versets 1 à 8 (Beréchit XIX) nous racontent le ‘Hessed que prodigua Loth aux anges venus à Sodome. Il leur proposa de passer la nuit chez lui. « Il leur fit un festin, fit cuire des matsot et ils mangèrent. »
Rachi rapporte que Loth avait appris chez Abraham, son oncle, l’hospitalité, cette Mitsva qu’il va accomplir, de manière exceptionnelle, jusqu’à risquer sa vie pour empêcher les habitants de Sodome de porter atteinte à ses invités.
D’après nos sages (Zohar 106b, Pirké Dérabbi Eliezer 25), la jeune fille qui fut tuée à Sodome pour avoir donné du pain à un pauvre, n’était autre que la fille de Loth, qui elle aussi pratiquait le ‘Hessed avec Méssirout Néféch, au prix de sa vie.
Paradoxalement la Torah dit : « Lorsque l’Eternel détruisit les villes de la plaine, Il s’était souvenu d’Abraham, (et Il) fit échapper Loth du milieu de la destruction » (Id. XIX, 29). Rachi explique au nom du Midrach (Rabba 51, 6) : « En quoi D… s’est-Il souvenu d’Abraham ? Il s’en est souvenu au sujet de Loth (lui, le frère de Sarah) qui cependant n’avait pas réagi lorsqu’il avait entendu Abraham, répondre aux égyptiens, que Sarah n’était pas sa femme mais sa sœur. Pris de pitié pour Abraham, il avait gardé le silence. C’est pourquoi le Saint Béni-soit-Il a eu, à son tour, pitié de lui. »
Autrement dit, ce ne sont pas les actes de ‘Hessed de Loth, ni son hospitalité, qui ont été retenus, mais le silence qu’il a observé vis-à-vis du secret sur Sarah, épouse d’Abraham.
Le Rav Yitshak Koppelman, zatsal, Roch Yéchiva de Lucerne, explique que Loth avait juste « recopié » la conduite d’Abraham, mais qu’il ne s’en était pas véritablement imprégné. Certes il avait été prêt à donner sa vie, mais curieusement sans conviction profonde.
Il est d’ailleurs significatif que lorsque Abraham lui propose : « De grâce, sépare-toi de moi ! Si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si c’est à droite, j’irai à gauche » (Id. XIII, 9), Loth choisira la plaine du Yardén et dressera ses tentes jusqu’à Sodome. Sodome dont le comportement des habitants était à l’antithèse du ‘Hessed ! Si vraiment Loth était, lui aussi, comme Abraham un homme de ‘Hessed, il n’aurait jamais pu choisir un tel endroit.
La « générosité » de Loth n’était donc pas vraiment ancrée en lui, aussi sera-t-elle absente dans sa descendance : « les peuples d’Amon et de Moab, (qui) n’entreront pas dans la communauté de D…, (même convertis) même à la dixième génération, ceci à jamais ; parce qu’ils ne sont pas venus à votre rencontre avec du pain et de l’eau sur le chemin … » (Dévarim XXIII, 4 et 5). La générosité, qui est une des trois Midot essentielles du peuple d’Israël (avec la miséricorde, et l’humilité) leur est manquante. (Yéchaya XXIX, 13).
Ce silence que garda Loth, pour ne pas dévoiler le secret d’Abraham et de Sarah, lui aura valu d’échapper à la destruction de Sodome, en ce qu’il était un acte de générosité altruiste, qui venait de son for intérieur. D’où l’on voit l’importance d’un acte discret, de compassion généreuse, sans aucune arrière pensée d’intérêt personnel.
Chabbat Chalom Oumévorakh