Après s’être fait connaitre à ses frères, Yossef les envoie chercher leur père en terre de Canaan. Il les reconduit et leur dit « ne vous excitez pas en route » (autres versions : « ne vous agitez pas » ; « point de rixes pendant le voyage ») (Chap.XL, 24).
Rachi rapporte l’explication de Rabbi Eléazar : « ne vous engagez pas dans des discussions halakhiques, de peur que vous ne vous égariez! »( Taanit 10, b ). C’est que Yossef souhaitait avertir son père au plus vite qu’il était toujours en vie et craignait que ses frères ne s’attardent en chemin.
« Ne vous agitez pas en route » ! Par des discussions prenantes ? Mais les frères de Yossef étaient totalement perturbés d’apprendre que le Vice-roi d’Egypte n’était autre que leur frère. A l’instant même où il leur dit « je suis Yossef », ils réalisent qu’ils ont vécu toutes ses années dans l’erreur. Les rêves de Yossef se sont réalisés, et ils sont pris de honte pour l’avoir vendu et mal traité. Auraient-ils eu pendant le voyage l’esprit assez clair pour engager une étude approfondie de halakha ? N’étaient-ils pas soucieux ? Comment allaient-ils annoncer la nouvelle à leur père et quelle serait sa réaction en apprenant qu’ils avaient vendu leur propre frère ? On ne peut que s’étonner de la recommandation de Yossef.
Le Rav Meïr Kohman zatsal dans son livre Zikhron Meir, répond que Yossef connaissait la grandeur de ses frères, immédiatement après avoir quitté l’Egypte, ils se seraient replongés dans l’Etude de la Torah, tellement ils y étaient attachés.
Lorsque « Yéhochoua se trouvant devant Yériho, leva les yeux et vit un homme debout en face de lui, l’épée nue à la main, Yéhochoua alla à lui et lui dit : « es-tu des nôtres ou un de nos ennemis? Nullement, répondit-il, je suis le chef de la milice de l’Eternel, qui suis venu présentement ! » (Josué 5,13-14). Nos sages expliquent (Méguila 3, a) que l’Ange a dit à Yéhochoua : « hier vous avez manqué d’offrir le sacrifice quotidien (Tamid) de l’après-midi, et aujourd’hui vous avez négligé l’étude de la Torah ». Maintenant, la nuit, explique Rachi, vous ne combattez pas, vous auriez dû vous consacrer à l’étude ! Aussitôt Yéhochoua se plongea dans l’étude, et pendant toute la nuit. Ainsi donc, même en pleine guerre, le Ciel attend des enfants d’Israël, bien que fatigués des combats du jour, qu’ils profitent de la nuit pour s’adonner à l’Etude, à tout moment disponible et en toute circonstance.
Rabbi Akiva rapporte qu’il posa une question (question très difficile) à Rabban Gamliel et à Rabbi Yehochoua qu’il rencontra en chemin alors qu’ils partaient acheter une bête pour le mariage du fils de Rabban Gamliel (Michna Kritout 15, a). Les Tossafot font remarquer que ces précisions sont pour nous souligner leur grandeur, et qu’en toute situation ils se donnaient à l’Etude de la Torah.
Avant de se rendre en Egypte, pour revoir son fils bien-aimé, Yaacov va envoyer Yéhouda à Goshen préparer une maison d’Etude. Lui-même va tout d’abord passer par Beer Chéva, prendre les arbres de chitim qu’il plantera ensuite en Egypte et qui serviront à la construction du Tabernacle (Midrach Tanhouma, Térouma). Bien que la construction du Michkan ne se fera que deux cents ans plus tard et que ces arbres auraient pu être plantés à un tout autre moment, la pensée de Yaacov est prioritairement le service de la Torah.
SHABBAT SHALOM OUMEVORAKH