A propos de Moché rabbénou, le Midrach Rabba rapporte le verset : « mais la parure précieuse entre toutes, ce sont des lèvres intelligentes » (Michlé XX, 15). C’est que Moché était triste de n’avoir rien apporté à la construction du Michkan, seul de tout le peuple d’Israël, à ne pas y avoir participé. D… lui a dit alors : « Tes paroles me sont plus chères que tout », car de tous, c’est à Moché que l’Eternel s’adressa comme il est dit : « L’Eternel appela Moché et lui parla … en ces termes » (Vayikra I, 1).
Pour quelle raison Moché n’a-t-il pas été invité à participer à la construction du Michkan ? Alors qu’il était très riche, comme nos Sages (Nédarim 38a) l’ont précisé : il s’était enrichi des débris des deuxièmes tables de la Loi, qu’il avait lui-même sculptées.
Le Michkan fut construit en très peu de temps. Moché est descendu de la montagne le jour de Kippour, apportant aux enfants d’Israël le pardon de D… Le lendemain Moché « convoqua toute la communauté » pour lui transmettre les ordres de D… pour la construction du Tabernacle ; dès le douze et le treize Tichré, les enfants d’Israël apportèrent les matériaux nécessaires. La construction commença dès le quinze Tichré (premier jour de Soukot). En deux mois tout fut prêt pour l’inauguration … qui sera cependant reportée, à trois mois plus tard, au premier Nissan. Pourquoi alors une telle précipitation s’il fallait attendre encore trois mois ?
Le Maadané Chmouel explique que le Tabernacle, où viendra résider la Chékhina, vient pardonner la faute du veau d’or. C’est ce que le Midrach (Rabba, Chémot 51, 8) rapporte : « D… a dit aux enfants d’Israël, pour le veau d’or, vous avez fauté en disant « voilà tes dieux ô Israël » (Chémot XXXII, 4), maintenant c’est par « voilà la distribution du Tabernacle » (Id. XXXVIII, 21) que vous serez pardonnés ».
Le veau d‘or fut fabriqué dans la précipitation, Moché ayant, à peine, tardé à redescendre de la montagne du Sinaï, le peuple s’était empressé de réclamer à Aharon : « Allons ! Fais-nous un dieu qui marche à notre tête » (Id. XXXII, 1). « Mesure pour mesure », la construction du Michkan devait se faire dans la précipitation pour se faire pardonner.
Moché rabbénou n’avait pas fauté au veau d’or. De fait, au sein même du peuple d’Israël, trois mille hommes sont morts à cause du veau d’or, un pour mille uniquement aurait fauté. Nos Sages l’apprennent du verset : « parmi mille individus, J’ai pu trouver un homme, mais de femme parmi eux tous, Je n’en ai point trouvé » (Kohélét VII, 28). Aucune femme n’a fauté !
Au moment du don de la Torah, la souillure de la faute de Adam Harichon ayant été effacée, la mort dans le monde avait été supprimée, comme il est dit : « J’avais dit vous êtes tous des dieux des fils du Très-Haut ! ». Malheureusement la faute du veau d’or fut fatale : « Mais non, vous mourrez comme des hommes » (Téhilim LXXXII, 6-7). Le Zohar s’étonne : Yéhochoua n‘avait pas fauté, pas non plus la tribu de Lévi et tant d’autres parmi le peuple ! Pourquoi donc la mort est-elle revenue chez tout le monde. C’est que, répond le Zohar, l’impureté qui s’est libérée à ce moment là, comme une maladie mortelle qui frappe indifféremment tout le monde, se répandit alors dans tout le peuple d’Israël.
Seul Moché qui se trouvait au ciel, lors de la faute, connut un sort différent. Il ne mourût pas par la main de l’ange de la mort, mais par une décision de D…, sans rapport avec l’épisode du veau d’or.
On comprend maintenant que Moché n’avait pas besoin de contribuer au Michkan, n’ayant pas à se faire pardonner. Malgré tout, il fut très affecté de ne pas avoir participé comme le peuple tout entier. C’est là que l’Eternel lui dit : « Je préfère ta parole à toute la construction! »
Chabbat Chalom Oumévorakh