« L’Éternel appela (vayikra) Moché et lui parla, de la Tente d’assignation, en ces termes. » (Vayikra I, 1).
Il est quelques lettres, dans le Sefer Torah, qui ont une taille différente de celle de l’ensemble des autres lettres. Certaines sont plus grandes, comme le Daleth de E’had du Chéma-Israël, d’autres plus petites, comme le Alef dans le premier mot de notre paracha Vayikra. Ce Alef est davantage remarqué, du fait qu’il est en début de notre Paracha, laquelle se trouve être aussi la première paracha du Séfer Vayikra. De nombreuses d’explications ont été données sur ce petit Alef :
Le Kli Yakar rappelle le Midrach Rabba (7,1) qui dit au nom de Rav Assi, que nous avons l’habitude de commencer l’étude du ‘Houmach aux enfants par cette paracha, bien qu’elle soit complexe puisqu’elle traite des sacrifices. Car l’intention est justement d’enseigner « aux enfants purs les sujets de pureté », à savoir les sacrifices. Le « petit » Alef ferait donc allusion au petit, à l’enfant qui depuis son jeune âge va étudier ces passages.
Le Baal Hatourim, lui, explique que c’est par modestie que Moché Rabbénou a réduit la taille de cette lettre. Lorsque D… lui demande d’écrire le mot Vayikra, qui signifie que D… l’appela en se révélant à lui directement, Moché voulut retirer le Alef pour écrire Vayikar qui désigne une révélation dans le rêve, comme celle de D… à Bilaam l’impie. Aussi l’Eternel demanda-t-il à Moché de bien écrire ce Alef manquant, mais Moché demanda par modestie (anava) de l’inscrire en caractère plus petit.
Rachi précise que le terme Vayikra est une expression d’approche affectueuse (identique à celle employée par les anges de service), tandis que c’est de manière fortuite, bien différente, que D… se révèle aux prophètes des nations du monde, comme il écrit : « Elokim survint (Vayikar) vers Bilaam, qui Lui dit: J’ai dressé les sept autels … » (Bamidbar XXIII, 4).
Nous trouvons aussi dans le mot Vayikar la notion de Mikré, kéri, celle d’une rencontre au hasard. Lorsque D… s’adresse à Bilaam, c’est dans un contact sans attachement, au même moment Il s’éloigne de Bilaam l’impur.
Dans Vayikra XXVI, 27, l’Eternel adresse une remontrance aux enfants d’Israël : « Si vous vous comportez (béKéri) hostilement avec Moi » (Vayikra XXVI, 27). Il leur est reproché d’accomplir les mitsvot de façon détachée, machinalement, sans joie ni entrain. Le verset dira : « Parce que tu n’auras pas servi l’Eternel, ton D… avec joie et contentement de cœur » (Dévarim XXVIII, 47).
« Lorsque Moché redescendit du Mont Sinaï … les deux tables du Témoignage à la main … la peau de son visage rayonnait (Chémot XXXIV, 29). Par quel mérite ? Le Midrach Tanhouma (Ki tissa 37) explique que lorsque Moché eut écrit la Torah, il déposa sur son front la dernière goutte d’encre, résiduelle, laquelle provoqua cet éclat à son visage.
Le Or Hahaïm s’étonne, comment pouvait-il rester de l’encre, alors que c’est D… Lui-même qui lui avait procuré cette encre, à la juste mesure des lettres de la Torah qu’Il lui dictait ? Ce verset donne la réponse : « Or cet homme Moché, était fort humble (anav méod), plus qu’aucun homme qui fut sur la terre » (Bamidbar Xii, 3). Moché écrivit le mot anav (humble) sans la lettre Yod, par modestie, et il lui restait donc l’encre de cette lettre.
Mais d’après le Yalkout Réouvéni c’est en écrivant le petit Alef, de notre paracha, qu’il resta l’encre que Moché posa sur son front. Du fait de sa grande modestie, Moché Rabbénou, le Serviteur fidèle, méritait sa proximité à l’Eternel et ce témoignage d’affection que révèle le mot « Vayikra », qui lui valut aussi ce mérite d’un visage rayonnant.
Chabbat Chalom Oumévorakh