Le Tour (dans Or Ha’hayim 581, 2) écrit que certains ont l’habitude de jeûner la veille de (le jour avant) Roch Hachana. Pour mesurer la portée de ce jeûne, il convient de citer cette parabole du Midrach Tan’houma.
« Les habitants d’une région ayant tardé à payer leurs impôts, le roi se dirige avec son armée à leur rencontre. A quelques kilomètres de la ville, les notables sortent l’implorer : « Ô notre roi, pitié, nous n’avons pas de quoi payer. » Le roi accepte alors d’effacer un tiers de la dette, et poursuit sa route. Arrivé à proximité de la ville, c’est la « classe moyenne » qui sort l’implorer n’ayant pas non plus de quoi payer. Le roi consent alors à réduire la dette d’un deuxième tiers. Parvenu à la porte de la ville, tous les habitants sortent le supplier, et cette fois le roi annule la totalité de la dette. »
Le Roi, poursuit le Midrach, c’est Hakadoch Baroukh Hou, et les habitants ce sont les enfants d’Israël ; leurs dettes sont les fautes qu’ils ont faites toute l’année. La veille de Roch Hachana, les « grands du peuple » jeûnent et D… efface un tiers des fautes. Pendant les dix jours de pénitence, les « moyens » interviennent, et un autre tiers est annulé. Lorsqu’arrive le jour de Kippour, c’est tout le peuple d’Israël qui jeûne, qui implore, et l’Eternel pardonne et efface toutes les fautes.
Le verset dit : « Vous prendrez le premier jour, du fruit de l’arbre hadar (l’étrog), des branches de palmier, des rameaux de l’arbre âvot, et des saules de rivière » (Vayikra XXIII, 40). Le premier jour ? Il s’agit pourtant du 15 Tichré ? C’est en fait le premier jour du nouveau compte des fautes, après qu’il ait été arrêté le jour de Kippour. De Kippour à Soukot nous avons été occupés à construire la Souka, à trouver et à choisir nos « quatre espèces. » A priori nous n’avons pas eu le temps de fauter, et c’est au premier jour de Soukot que débute le nouveau compte de l’année.
Nous voyons donc l’importance de ce jeûne avant Roch Hachana, qui a ce pouvoir de faire pardonner le premier tiers de nos fautes. Mais s’étonne le Beth Yossef, ce jeûne a-t-il autant de puissance que les neuf jours de pénitence, ou que le jour de Kippour, lui-même, qui effacera le dernier tiers de nos péchés ?
Le Beth Yossef répond que le premier tiers est toujours plus facile pour se faire pardonner. Le deuxième beaucoup moins et il faudra jusqu’à neuf jours de pénitence. Vient alors le jour de Kippour, où le peuple tout entier se repend, et c’est ce jour qui va blanchir complètement les enfants d’Israël de leurs fautes.
Le rav Koppelman zatsal Roch Yéchiva de Lucerne avait l’habitude de dire que ce jeûne d’avant Roch Hachana a en lui une particularité remarquable. C’est qu’il est de notre propre initiative, contrairement à Kippour lequel est une obligation prescrite dans la Torah. Le fait de se présenter soi-même pour reconnaître que « nous n’avons pas de mérite » est très apprécié devant l’Eternel, et c’est pour cela qu’Il consent à pardonner ce premier tiers des fautes de l’ensemble du peuple d’Israël.
Chabbat Chalom et Chana Tova