Tetsavé

Une goutte de Torah – Année 12 – n° 594 – Tetsavé

15 Adar I 5784 – 24 février 2024

Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.

Le danger de la familiarité

La Torah décrit dans le plus grand détail les vêtements que portait le Cohen Gadol, ainsi que le rituel très précis qu’il devait respecter lors de l’accomplissement du service divin.

Cette solennité a pour but de sensibiliser le peuple à l’importance et à la gravité des actions du Cohen Gadol – le véhicule de la Présence Divine parmi eux – afin d’éviter toute banalisation du sacré.

La Torah veut éviter que le peuple ne développe un sentiment de familiarité dans sa relation avec D.ieu, ce qui pourrait le conduire à tenir pour acquis certaines bontés divines et en demander toujours plus.

La familiarité peut rapidement conduire à l’ingratitude, comme Moïse en a fait plusieurs fois l’expérience lors des diverses rebellions du peuple. A la suite de l’épisode du veau d’or, pour affermir le respect du peuple à son égard et créer la distance nécessaire, Moïse installe sa tente à l’écart du camp (33:7-11), et D.ieu fait rayonner son visage de telle sorte qu’il était impossible de le regarder directement, ce qui l’obligeait à porter un voile pour s’adresser au peuple (34:29-35).

Ce danger ne menace pas seulement l’homme dans sa relation avec D.ieu, mais également dans ses relations avec ses proches (époux, enfants, parents). Faire preuve de trop de familiarité, se dispenser des marques de politesse élémentaire qu’on témoignerait à des gens moins proches peut rapidement dégénérer et conduire à des comportements inacceptables.

Comme l’exprimait Rabbi Jonathan Sacks z’l, la sagesse consiste, dans chaque situation, à garder la juste distance ; le philosophe Schopenhauer l’illustrait par le paradoxe des hérissons en hiver : s’ils s’éloignent trop l’un de l’autre, ils gèlent, mais s’ils se rapprochent trop, ils se blessent. Ainsi en va-t-il des relations humaines : trop d’éloignement peut glacer, mais trop de proximité peut faire mal.

Une histoire

La femme de David est enceinte, et elle lui demande de participer à un cours prénatal afin qu’il puisse être sensibilisé à son état, et se conduire avec tous les égards qui lui sont dus.

L’instructeur propose un jeu de rôle à David : il lui attache un gros sac de sable sur le ventre et lui demande de se déplacer en imaginant ce que peut ressentir sa femme.

Puis il lance un stylo par terre et demande à David – toujours handicapé par son sac de sable – de le ramasser.

David lui demande : “Je dois le ramasser exactement comme ma femme le ferait ?”

“Tout à fait !” répond l’instructeur enthousiaste.

Alors David, d’une voix plaintive, s’adresse à sa femme : “Ma chérie, peux-tu s’il te plait ramasser ce stylo ?”

Chabbat Chalom

Jean Guetta

Relu et mis en page par Tania Guetta