Une goutte de Torah – Année 12 – n° 596 – Vayakel
29 Adar I 5784 – 9 mars 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
La vraie valeur
Le Tabernacle accompagna les Hébreux dans toutes leurs pérégrinations à travers le désert. Quand ils rentrèrent en terre de Canaan, il continua son office jusqu’à la construction du Premier Temple de Jérusalem par le roi Salomon : il fut d’abord installé à Guilgal où il resta 14 ans, puis à Chilo pendant 369 ans et enfin à Nov et Guibeon pendant 57 ans.
Qu’est-il ensuite devenu ? Selon le Talmud (Sotah 9a), après la construction du Temple de Salomon, le Tabernacle au complet, avec ses poutres, ses crochets, ses barres, ses colonnes et ses socles, a été caché dans des tunnels sous le Temple. Il n’aurait donc jamais été détruit et résiderait encore dans les sous-sols du Mont du Temple.
Selon le Sforno, alors que les deux Temples ont été profanés et détruits, la survie du Tabernacle s’explique par son extraordinaire sainteté : sa construction fut ordonnée par Moïse, et tous ceux qui y ont participé étaient des volontaires d’un très haut niveau spirituel. A l’inverse, le Premier Temple fut construit par des ouvriers phéniciens, et le Second Temple fut édifié par Cyrus, le roi de Perse, et ne contenait plus les Tables de la Loi.
Le Sforno en conclut que la sainteté d’un bâtiment n’est déterminée ni par sa valeur matérielle ni par sa beauté – les deux Temples étaient des édifices superbes qui avaient englouti des investissements sans commune mesure avec celui du Tabernacle – mais par le niveau spirituel des hommes qui ont participé à sa construction.
Plus généralement, la valeur que la Thora attribue aux objets est très différente de celle déterminée par le monde séculier, où en général l’esthétique ou le prix d’une chose détermine sa valeur. Pour la Torah, c’est avant tout la spiritualité investie dans l’objet qui en fait sa valeur.
Ainsi, un verre de Kiddouch cabossé, ou un livre de prière aux pages rafistolées ayant fait l’objet d’intenses investissements spirituels sur plusieurs générations, aura une valeur sans commune mesure avec les mêmes objets sortant neufs d’une boutique de judaïca.
Une histoire vraie
Rav Yossef ‘Haïm Sitruk z’l racontait l’histoire d’un rabbin, grand érudit, qui vivait de façon particulièrement modeste. Un jour, un de ses élèves lui offrit un magnifique chandelier en argent. Le rabbin était très gêné et ne voulait pas accepter cet objet, car il contrastait terriblement avec le reste de son intérieur, humblement meublé.
Devant ses objections, l’élève voulut le rassurer : “Vous savez, en fait, il n’a pas une si grande valeur, il n’est que plaqué en argent.”
Alors le rabbin, indigné, s’exclama : “Quoi, tu veux m’offrir un objet qui allie l’orgueil au mensonge !”
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta