Une goutte de Torah – Année 13 – n° 637 – Vayechev
20 Kislev 5785 – 21 décembre 2024
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Savoir temporiser
Les frères de Joseph décident se débarrasser de lui. Dans un premier temps, ils veulent le tuer (37:20) : “Venez, tuons-le et jetons-le dans un de ces puits, puis nous dirons qu’une bête féroce l’a dévoré…”
Reouven les persuada de ne pas le tuer directement (37:22) ”… Ne versez point le sang! Jetez-le dans ce puits qui est dans le désert, mais ne portez point la main sur lui…” Il avait l’intention de venir le chercher plus tard, mais ses frères pensaient qu’ils le condamnaient à mort.
Enfin, Yehouda suggéra à ses frères de vendre Yossef (37:26-27) : “…Quel avantage à tuer notre frère … ? Vendons le aux Ismaélites et que notre main ne soit pas sur lui, car il est notre frère, notre chair ! Et ses frères l’écoutèrent.”
Ainsi, fait remarquer Rav Yehonathan Gefen, progressivement, le projet de ses frères se fit de moins en moins sévère. En fait, si des Midianites n’avaient pas découvert Yossef avant que ses frères ne le vendent aux Ismaélites (37:28), il est possible qu’ils auraient encore adouci son sort et l’auraient finalement gracié, épargnant ainsi à leur père de terribles souffrances (37:34) : “Jacob déchira ses vêtements, mit un cilice sur ses reins et porta longtemps le deuil de son fils.”
Rav Gefen souligne combien l’impétuosité est dangereuse. Temporiser avant d’agir permet de faire mûrir la réflexion, de mesurer les conséquences de ses actes, et d’éviter des gestes qui pourraient avoir de terribles conséquences. C’est d’autant plus pertinent à notre époque où la tentation est grande de réagir immédiatement à tout évènement par un message digital qu’on pourrait ultérieurement regretter.
On retrouve ce concept dans le Talmud (Baba Batra 160a) : les Cohanim étaient de nature coléreuse et avaient tendance à divorcer leurs femmes sur le champ, décision qu’ils regrettaient souvent car ils ne pouvaient plus les reprendre du fait de leur interdiction d’épouser une divorcée. C’est pour cela qu’on les obligeait à utiliser des documents de divorce longs à manipuler (avec de nombreux plis) et à rédiger, ce qui leur permettait souvent de se calmer et de revenir sur leur décision.
Une histoire vraie
On raconte que le Saba de Kelm s’était imposé de ne jamais se mettre en colère avant de s’être revêtu d’un vêtement spécialement consacré à cet effet. Cette décision, expliquait-il, lui était très utile : si un homme sent monter en lui la colère, mais qu’il ne peut y laisser libre cours sans avoir revêtu au préalable un vêtement spécial, il est probable que le temps nécessaire à s’habiller le conduise à se calmer.
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta