Une goutte de Torah – Année 12 – n° 586 – Vaye’hi
18 Tevet 5784 – 30 décembre 2023
Cette goutte de Torah est dédiée au succès de nos vaillants soldats dans leur lutte pour l’annihilation de nos ennemis et le retour de nos otages sains et saufs B’H’.
Prières et supplications
Jacob, malade, reçoit la visite de son fils Joseph accompagné de ses enfants. Après avoir béni ses petits-fils, Ephraïm et Menaché, Jacob se tourne vers Joseph (48:22) : “ Et moi, je t’ai donné She’hem, une portion de plus que celle de tes frères, que j’ai conquise sur l’Emorite, à l’aide de mon épée et de mon arc. ” Selon Rachi, comme Joseph lui avait promis de l’enterrer en Israël dans le caveau de ses ancêtres – la grotte de Ma’hpela – Jacob, en récompense, lui accordait une part d’héritage supplémentaire – She’hem – où il serait enterré.
Onkelos, de manière inhabituelle, traduit “mon épée et mon arc” par “ma prière et ma supplication“. Selon lui, Jacob fait ici allusion au travail spirituel qu’il a accompli.
Quelle différence entre “prière” et “supplication”, et quel rapport avec l’épée et l’arc ?
La lame tranchante de l’épée est dangereuse en soi, et même un coup donné au jugé peut causer un dommage important. Par contre, l’arc est relativement inoffensif s’il n’est pas utilisé de manière experte ; pour causer un dommage il faut soigneusement viser et bien le tendre.
Selon le Rav de Brisk et le Meche’h ‘Ho’hmah, l’épée fait allusion à la prière fixe (la Amida) instaurée par les Sages de la Grande Assemblée il y a plus de 2000 ans dont les mots – comme la lame tranchante de l’épée – sont porteurs de secrets ésotériques et possèdent une grande puissance dans le Ciel, même s’ils ne sont pas tous prononcés avec la concentration nécessaire. L’arc, lui, fait allusion à la supplication individuelle qui doit être dite avec précision et une grande concentration pour atteindre le Ciel. C’est pour cela, par exemple, que selon le Talmud (Baba Batra 116a) quiconque a un malade dans sa maison doit demander à un Sage de prier pour lui.
Une histoire vraie
Le Rav de Brisk insistait pour que les supplications individuelles soient limitées au résultat souhaité, sans rentrer dans trop de détails car il serait arrogant de conseiller D.ieu sur la meilleure façon d’agir.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il critiquait ceux qui priaient pour la victoire de l’Armée Rouge sur les Allemands. Comment des juifs pouvaient-ils prier pour le succès des Communistes, antisémites et ennemis jurés de la Torah qu’ils s’efforçaient de faire disparaître partout où ils pouvaient. Il aurait bien mieux valu qu’ils supplient D.ieu de nous sauver des Allemands de la manière qu’Il aurait jugé la mieux appropriée.
Il disait même, après la fin des hostilités, que les réussites du régime communiste après-guerre étaient peut être dues à ces supplications maladroites !
Chabbat Chalom
Jean Guetta
Relu et mis en page par Tania Guetta